
Il fallait que ça arrive, on y pensait depuis longtemps, on l’a préparé de longue date, et quand ça vous arrive ça passe à toute vitesse : FRANCHIR LE CANAL DE PANAMA avec son lot de cargos, ferries, pétroliers, bateaux pilote, sans compter les amarres, les pare-battages, le repas des pilotes à bord, les trombes d’eau pendant les écluses, bref les imprévus….Mais commençons par le début de ce retour sur Oxygen.
Nous arrivâmes le 16 sept à Shelter Bay (marina à l’entrée du Canal de Panama, coté Caraïbes) où Oxygen nous attendait sagement au milieu des crocodiles : Cap’tain Syl et Mouss’Isa comme d’hab, mais l’équipage s’est renforcé des amis Philippe (surnommé Philou, la Hum’z)….Jérôme, dit JJ, qui prodigue soins et attentions depuis des années à Oxygen, c’est le relais technique du Cap’tain et le soutien de Mouss’Isa et bien sûr la (très…) belle Anne Laure, le MonCœur de JJ !!
On commence par bosser un peu : mise à sec pour l’antifouling, on amène la GV pour révision et ajout d’un 4ème ris, expertise pour l’assurance, appro au supermarché de Colon….. Pour plus de confort on dort à l’hôtel de la marina durant ces 3 jours de
taf intensif divers et varié….


YES ! On est fin prêt pour le passage du canal programmé de longue date avec l’agent Eric Calvez pour le 19/20 sept……Alors que nous attendons le pilote pour 18h précise dans « l’anti chambre du canal, nommé le « flat » et que nous tentons de démarrer les 2 moteurs d’Oxygen à 17h55, rien ne se passe… Pour faire court les 2 batteries sont à plat !! Après 4 mois d’inactivité et plusieurs démarrages juste pour différentes manœuvres dans la marina sans pouvoir se recharger, elles ont toutes deux déclaré forfait……Le pilote est bien venu mais est reparti illico….
Nous étions tristes et coincés sans pouvoir bouger au milieu des cargos….pour se remonter le moral nous avons donc fêté notre faux départ le soir même en buvant, chantant, dansant…N’insistez pas je ne diffuserai pas de photos !!
Le lendemain matin les gars du bord sont allé à Colon en annexe (2 miles nautiques en slalomant entre les cargos..) : pendant que Philou gardait l’annexe, Cap’tain Syl et JJ ont été acheter des batteries neuves à la Casa de Baterias dans cette ville un peu coupe gorge de Colon…..
Mais il fallait aussi que notre agent reprogramme un passage : samedi 22/dimanche 23 sept. Heureusement que c’est la saison creuse, nous avons pu avoir une date rapidement. Et sans oublier de payer l’amende (la multa !) pour avoir annulé notre passage au dernier moment !!

En attendant nous filons sur Portobelo pour 2 nuits, bien sûr beaucoup de singes hurleurs, pélicans….


Le samedi 22 arrive enfin, cette fois-ci tout va bien.
Pour bien comprendre le processus du passage du Canal vous pouvez lire l’article précédent ( cliquez ici pour y accéder directement) , tout y est précisé en fin d’article car nous avons déjà passé le canal en tant qu’handliner sur un bateau copain.

Le pilote Freddy arrive à 17h, nous passons sous le pont Vinci (ça y est, le tablier est enfin fini …) et nous dirigeons vers les 3 premières écluses montantes de Gatun. Nous les passons sans encombre à couple d’un petit bateau à moteur avec Philou et JJ en handliner sur bâbord, derrière un cargo nommé Manizales. Freddy passe son temps sur son portable mais n’oublie pas de se goinfrer une énorme assiette de saucisses et pommes sautées accompagnée d’une salade de tomates….Nous arrivons sur le lac Gatun vers 21h, le pilote débarque et nous y passons la nuit amarré à une énorme bouée de 2 m de diamètre, Oxygen n’en demandait pas tant !

Le dimanche 23 à 8h un second pilote embarque, Ricardo, pour continuer notre passage…..Le pilote Ricardo est très sympa, il discute, s’intéresse au bateau, a l’air très compétent, bref on est ravi. En fait il est pilote instructeur et donc d’un excellent niveau. Dans le genre imprévu : un lamantin s’est montré et d’autre part nous avons heurté, en douceur, une bouée du canal par inattention !!

Enfin les 3 dernières écluses se présentent : heureusement que Ricardo était pro car il y a eu un changement de dernière minute : On a du se mettre à quai dans la première écluse pour attendre un ferry. Comme l’écluse était trop courte pour passer le ferry, Oxygen et le cargo à voitures Atlantic Highway à la queue leuleu…….on a dû se mettre à couple du ferry. A chaque écluse le ferry se mettait à quai et nous à son tribord car à nous deux nous étions trop large pour supporter les remous dans les écluses sans risquer de heurter le quai, le ferry nous aurait écrasé comme un vulgaire moucheron….le pilote nous a bien expliqué les manœuvres à effectuer, c’était très clair.

Au passage nous faisons de grands signes à la caméra, mais nous étions grandement dissimulé par le ferry….dommage !!

A 16h30 nous passons sous le pont des Amériques, débarquons le pilote Ricardo, rendons les amarres et pare-battages : ça y est Oxygen est dans le Pacifique, depuis le temps qu’on lui avait promis….!!

Nous mouillons à Las Brisas en face de Panama City, mais souci : on a plus de GPS ni d’AIS : les 2 antennes sont inopérantes !!
Les nombreux orages et averses persistants à Panama ont probablement été à l’origine d’un bug d’antenne sur nos GPS Furuno et AIS Vesper qui ne fonctionnaient plus…
Rien de grave puisque Oxygen dispose d’une double cartographie grâce à son Ipad. Toutefois, il fallait résoudre le problème pour repartir. Après moult essais, nous décidons de raccourcir le câble d’antenne du Furuno et d’installer l’antenne sous la table à carte en lieu et place de son poste d’origine dans une cale moteur… surprise, ça marche !!!
Nous prenons toutefois contact avec un local pour acheter une antenne de secours en cas de réitération de l’incident.
Autre incident constaté, un jeu anormal dans le tube de jaumière tribord, qui occasionne un bruit sourd au mouillage. Jérôme décèle l’origine du bruit après 15’ de recherche. Nous analyserons plus tard les causes de cette nouvelle problématique marine…

Le lendemain nous filons vers les Perlas , superbe archipel panaméen à quelques 60 miles nautiques. On profite de cette navigation pour pêcher, et ça marche très bien : thons au menu (mariné à la sauce soja et ensuite poêlé rapide avec du sésame).
Je précise que désormais il faut compter avec les marées. Ici il y a un marnage d’environ 5 mètres, il faut donc en tenir compte quand on mouille pour ne pas se retrouver à sec à marée basse !

Dans les Perlas nous mouillons entre les îles de Chapera et Mogo Mogo. Nous avons hâte de nous baigner dans ce nouvel océan pour nous : le Pacifique !!! Tout était nouveau : oiseaux, poissons, dauphins à gogo et des ailerons que nous n’avions pas l’habitude de rencontrer mais dans l’excitation générale on y prête pas plus attention que ça, on se baigne et JJ dit : j’entends les baleines sous l’eau ! OUI elles sont bien là, toutes proches, on les entend très nettement sous l’eau, on scrute et elles se manifestent avec leur petit aileron un petit arrondi, ce sont des baleines à bosses : c’est magique. Le lendemain matin une mère et son petit nous rendent visite au mouillage. Ni une ni deux, je (Mouss’Isa) plonge pour les voir de plus près : c’est ENORME…..le petit nageait sous sa mère et elles ont comme de grand bras, tranquille, Magique, Majestueux.



Ensuite on file vers le golfe de San Miguel dans la région impénétrable du Darien pour remonter la rivière Cucunati pour rencontrer la faune locale, espérant faire vivre aux copains notre expérience de la rivière Chagre de mai dernier.
Malheureusement nous n’avons vu aucun singe, ni toucan. Mais c’était tout de même très sympa.


On a visité La Palma, la capitale régionale : bourg de 5000 personnes, maisons multicolores sur pilotis accrochées à la colline….quelques commerces, taxis, églises et beaucoup de barques à moteur : la rivière est leur univers.

Puis nous descendons jusque Pina, presqu’à la frontière colombienne. Il n’y a rien sauf « LE » club de pêche sportive (terme étrange….) dans une baie bien protégée, le Tropic Star Lodge, un hotel de bungalow luxe pour pêcheurs au gros (très) fortunés.
Il n’y a aucune route, tout arrive par la mer ou par l’aérodrome voisin. Ici ont été enregistrés les plus gros records mondiaux de pêche au gros.
L’environnement est très vert : la jungle, l’eau. Tout est d’un vert profond…..et on se prend une bonne pluie. On ne voit aucun village mais des locaux (femmes très typées indien) nous rendent visite dans de petites barques creusées dans un tronc d’arbre
appelées cayucos pour nous proposer de l’artisanat : colliers de coquillages, miniatures de cayucos, boites en vannerie. Joli rencontre, paisible.



Puis on repart pour les Perlas : Chapera, Espiritu Santo, Pedro Gonzales. Et toujours autant de baleines !



Et durant chaque navigation nous avons bien pêché, on a donc dû trouver de nouvelles recettes pour accommoder le thon et la dorade coryphène…..
Et pour vous conter notre quotidien : bricolage à bord tous les matins (JJ oblige..) même en navigation, déjeuner tardif, plongée, balade et en soirée tarot. Et le lendemain on recommence….C’est dur !

Grâce aux soins assidus de JJ et Cap’tain Syl, Oxygen est encore monté d’un cran en équipement : nouvelles bastaques en dynema, pose de 3 ventilos, peinture des pompes de barre, recablage des lampes du bimini, retouches gel coat, révision chariot GV, inspection mât, vidanges moteurs et changement des courroies, joint plexi du hublot de cabine SylIsa (3 fois….), commande guindeau et j’en passe….Philou et Anna Laura nous ont bien aidé aussi dans le rôle de petites mains, nettoyages divers et variés….
Puis la mort dans l’âme, nous naviguons vers la côte panaméenne pour déposer les copains à la marina de VistaMar à San Carlos, à 90km à l’ouest de Panama City. Cette dernière navigation était bien ventée, c’était très agréable car malheureusement sur toutes les autres le vent a manqué souvent cruellement…..
Les Au Revoir furent déchirants….
De notre côté sur Oxygen, après un bon ménage, une bonne lessive, on part 2 jours à Panama City pour quelques courses et profiter une dernière fois de cette ville qu’on apprécie, le tout toujours avec notre chauffeur de taxi habituel : Axel. On fait le tour des shipshandlers (magasin de jouets pour bateaux…), on récupère nos tauds pare soleil qu’avait oublié chez le voilier de Shelter Bay, on visite tous les rayons d’articles de pêche de la ville et le marché aux fruits/légumes…..


On dort au Marriott Punta Pacifica, dans le quartier ultra chic dernier cri de Panama City. En fait il est dans la tour Trump rachetée dernièrement. C’est super luxe avec une baignoire au milieu de la chambre, Syl a bien sûr adoré sauf que la baignoire est dimensionnée pour Trump donc trop grande et Syl glisse…..un balcon vue Pacifique, plusieurs piscines etc etc….Bref c’est rigolo pour une nuit !
Mais trêve de plaisanterie désormais on veut aller aux Galapagos……Pour ce faire nous suivons durant 2 jours la cote panaméenne le plus au sud possible pour retarder au max les nav de nuits : isla Iguana où une baleine vient manger à 4 mètres du bateau, là le capitaine a trouvé qu’elle était tout de même un peu trop proche !! et dans la baie de Guanico avec les crevettiers pour 2 nuits.

Puis nous partons pour les Galapagos, mais ça fera l’objet d’un prochain article…..
A très bientôt
Bonjour,
Merci pour ce SUPER photo-reportage bien détaillé de votre passage de la mer des Caraibes vers le Pacifique.
Un vrai régal de vous lire à chaque fois. Vous faîtes parti d’un de mes « voyages immobiles ».
Bon cabotage et bon vent à vous.
Bonjour Sylvain et Isabelle,
Merci pour le récit de ces nouvelles aventures.
Je les transmets à Pauline et Lucie.
Soyer prudent.
A bientôt.
Laurent
Bravo pour ce magnifique reportage sur la courte navigation, mais ponctuée de nombreuses imprévus entre l’Atlantique et le Pacifique. Ensuite belle balade en récompense des efforts fournis par l’équipage…..professionnel….Bises