
Nous venons de passer 5 semaines au Panama coté Pacifique avec des copains à bord et ils sont rentrés dans le froid…
A 2, nous retrouvons vite nos marques, il est temps désormais de penser aux choses sérieuses, à savoir LES GALAPAGOS.
Dans un premier temps il faut y aller, et ce n’est pas une sinécure. Ce n’est pas compliqué, ni dangereux, non, faut juste être patient…..Suivant la période de l’année, il y a soit pas de vent (donc moteur…) soit du vent mais dans le nez (faire des bords…). Etant en octobre, nous opterons pour le second cas !!!
En théorie, c’est-à-dire en ligne droite, il y a 800 miles nautiques (1480km) à parcourir. Mais quand le vent est pile en face, ben un voilier ça n’avance pas !!! Ben oui, c’est ainsi. Ça s’appelle être bout au vent (terme marin) ou vent dans le pif (terme moins marin…).
Nous devons donc naviguer au prés, c’est-à-dire avec une allure où l’angle du bateau par rapport au vent est d’environ 40°. C’est miracle car réfléchissez bien que ce n’est pas le vent directement qui pousse sur les voiles du bateau comme dans les allures de travers ou vent arrière, mais la dépression créée par le vent sur les voiles, elle aspire les voiles et donc le bateau, quand on y réfléchit c’est magique.
Par contre quand on la vit c’est un peu moins drôle car c’est souvent une allure peu confort du fait que les vagues sont dans le même sens que le vent et donc en face aussi. C’est souvent haché, bruyant…..je vous passe les détails.
Autre inconvénient : on fait beaucoup plus de route car on fait des bords, c’est-à-dire des zig et des zag…..
Nous quittons donc notre mouillage bien abrité de la côte sud panaméenne ce samedi 13 octobre au matin en direction des Galapagos. Le vent prévu est de 15 à 20 nœuds réels et toute la route devrait se faire au près. Nous trouvons une mer agitée mais maniable sur un premier bord qui, du reste, nous éloigne des Galapagos. Nous croisons le rail montant vers Panama et slalomons entre les cargos. Le bateau avec 2 ris performe à 8 nds sans taper, tvb.
A midi, tentative de virement de bord mais courant contre, tout porte à penser qu’il convient de faire de l’Est (je rappelle que les Galap sont plein Ouest ! ) et contourner l’île Malpelo (îlot rocheux colombien paumé) avant de rallier les Galap… Nous optons pour
un long bord vers la Colombie. Si vous regardez régulièrement notre position sur le site, vous avez dû vous demander pourquoi on prenait le chemin des écoliers….
Par ailleurs il faut aussi prendre en compte les courants, nombreux dans cette région du globe, ils peuvent être très avantageux en faisant gagner jusqu’à 1.5 nds de vitesse, ou au contraire ralentir…
Tout ça pour dire qu’on a parcouru finalement 1286 miles nautiques (2380km) et qu’on a mis 9 jours et 9h, ça fait une vitesse moyenne de 5.71 nœuds.
Petit rappel : 1 mile nautique (mn) = 1.852 km.

Cela semble anecdotique sur le papier mais naviguer si longtemps au près est un peu épuisant. Constamment face à la lame, Oxygen et son équipage sont secoués 24h/24. Certaines nuits avec un vent apparent de 25 nds furent particulièrement éprouvantes.
Du coup dans ces conditions on a pas eu le courage de mettre les lignes de pêche à l’eau et comme les poissons ne sautent pas encore tous seuls à bord….on a mangé des saucisses, du riz, des pâtes et des légumes !

En cours de route, nous avons franchi le lundi 22 octobre à 2h06 la célèbre « ligne » de l’équateur et naviguons désormais dans l’hémisphère sud ! Si le rite initiatique des marins au long court veut un baptême symbolisé par un seau d’eau, nous optons pour une bonne douche d’eau de mer et trinquons avec un ti’punch savamment dosé !!! Vive l’inconnu !
Irréprochable comportement de notre fier destrier Oxygen sur ce parcours délicat, Aucune avarie à signaler si ce n’est la présence de 4l d’eau de mer certain jour dans la coque bâbord, lorsqu’on est bâbord amure, à évacuer à l’éponge petit à petit. Une
investigation sera menée prochainement pour déceler l’origine de cette voie d’eau sur œuvres mortes.
Donc belle nav’, sans souci, toujours du vent suffisant mais pas trop, très peu de moteur, pas de pluie, impec !

L’arrivée sur l’archipel de Colon (C’est le vrai nom des Galapagos, Colon est le nom usité pour Christophe Colomb en Amérique centrale et du Sud) est saluée par un ciel azur, un magnifique coucher de soleil ainsi qu’un bord sous le vent de l’île Marchena que nous contournons par le nord pour tirer notre dernier bord vers le port d’entrée de Puerto Baquerizo Moreno sur l’île de San Cristobal.
Et miracle : nous sommes accueillis par des cachalots. Ils sont faciles à identifier, leur souffle est oblique, à 55°, au lieu d’être tout à fait vertical pour toutes les autres baleines…..
Nous comptons rester ici environ 3 semaines pour visiter cet archipel si spécial, champion du monde des espèces endémiques aussi bien coté flore que coté faune……
Tout d’abord il faut savoir qu’on ne pourra pas aller de mouillages en mouillages au gré de nos envies car aux Galápagos les autorités sont extrêmement strictes.
On ne peut pas arriver ici le nez au vent sans prévenir. Capt’ain Syl a fait des démarches auprès d’un agent de liaison (Bolivar Pesantes, agence Naugala, naugala@hotmail.com) ) pour obtenir une autorisation de naviguer : l’ «Autografo» des affaires maritimes
équatoriennes, à demander 2 mois avant d’arriver.
Les Galap sont situés pile sur l’équateur, à 1000km dans l’ouest des côtes du pays Equateur dont elles font partie.
Cet autografo nous autorise à naviguer aux Galapagos durant 2 mois mais seuls 3 mouillages sont possibles :
– Ile de San Cristobal, Puerto Baquerizo Moreno, « Capitale » de la province des Galapagos, nous sommes obligé d’arriver à ce mouillage pour une entrée internationale.
– Ile de Santa Cruz, Puerto Ayora, principale petite ville touristique.
– Ile de Isabela, Puerto Villamil, gros village.

Je ne veux pas vous assommer de chiffres ni de dates historiques mais il faut bien faire un peu de culture générale avec un p’ti récap !!
Cet archipel est constitué de 13 grandes îles, 6 petites et 42 îlots éparpillés dans l’océan sur 80 000km² (environ 300*270km). Ces îles et îlots, d’origine exclusivement volcanique, totalisent une surface terrestre de 8006km².
Le climat se définit par 2 saisons : la saison chaude (28°c) et humide de janvier à mai et la saison froide (20°c) et sèche (mais souvent du brouillard brumassant, appelé Garua, au vent des volcans) de mai à décembre.
La végétation des îles est étagée :
– Zone littorale composée de palétuviers et de plantes grasses accoutumés à l’eau salée.
– Zone aride (alt. <150m) avec cactus opuntias (figuiers de barbarie à tronc), palos santos (arbre à l’écorce blanche qui ne portent des feuilles qu’en saison chaude/ humide)…
– Zone des Scalesias (alt. De 150 à 400m), c’est une zone constamment humide en raison du garua où on trouve principalement des scalesias (arbres de 10m) avec fougères, mousses brunes tombants des branches, vignes vierges, passiflores, goyaviers, zone très
fournie, peu pénétrable.
– Zone de pampa (alt. De 400 à 800m), caractérisées par les miconias, buisson endémique feuillu de 3m, feuilles rouge/jaunes et fleurs roses ou violettes. Zone souvent ventée et balayée par les bruines ou nappée de brume. Marécages et tourbières y sont
fréquents. Fougères arborescentes de 3m, herbes…
– Au-dessus ce ne sont que des champs de lave avec quelques rares cactus, la désolation !


L’archipel est au point de rencontre de plusieurs courants marins, pour simplifier :
– Courant de Panama du nord est, plutôt chaud.
– Courant de Humbolt remontant de l’Antarctique le long des côtes du Chili/Pérou/Equateur, pas besoin de vous dire qu’il est froid, 15°C, chargé en krill, plancton, et poissons !!
– Courant de Cromwell venant de l’ouest, très froid (je pense que c’est un courant qui remonte des profondeurs du Pacifique, ce qui expliquerait sa température de 13°C ! )
Et ce mélange des différents courants donne une température de l’eau en surface : 15 à 22°C suivant la saison et l’île….
Tout ça pour dire que plonger aux Galapagos relève pour nous de l’héroïsme : il faut minimum un shorty de 5mm pour le snorkeling et une combinaison intégrale en 7mm pour la plongée bouteille. Comme en Bretagne….qui l’eut cru sous l’équateur !!

Ces îles ont surgies de l’océan Pacifique du fait de l’activité volcanique, elles n’ont jamais été rattachées au continent, ce ne sont pas des bouts du continent américain qui auraient dérivé avec les plaques tectoniques. La flore et la faune sont donc « arrivées »
par les airs et la mer. C’est très important à avoir en tête pour comprendre les espèces présentes sur ces îles.
Pour les poissons et les mammifères marins, c’est pas compliqué, ils sont arrivés en nageant, pratique !!
Pour les oiseaux, ils volent. Mais encore faut-il qu’ils sachent se nourrir de poissons en mer ! Il y a donc beaucoup d’oiseaux marins. Concernant les oiseaux terrestres, seuls quelques espèces de petites tailles qui ont dû être « emportées » par de forts vents de
sud-ouest depuis l’Amérique du sud sont venus jusqu’ici comme les pinsons (taille d’un moineau…).
En terme d’animaux terrestres il n’y a que des reptiles car leur résistances sur plusieurs semaines sans manger ni boire leur a permis d’arriver vivants aux Galapagos, sans doute en dérivant, emportés sur l’océan Pacifique depuis la côte américaine sur des bouts
de bois, un peu comme des radeaux.
Mais comme les mammifères terrestres doivent manger et surtout boire très régulièrement, aucun n’est arrivé jusqu’ici, du moins vivant !! Parce qu’en plus même si un mammifère était arrivé vivant jusqu’aux Galapagos, encore fallait-il qu’ils soient plusieurs sur la même période et qu’ils se rencontrent pour se reproduire……ça fait beaucoup de Si !
Pour la flore, les graines ont sans doute été transportées par le vent, dans les plumes des oiseaux et dans leur estomacs…..!
Bien sûr je parle du peuplement naturel qui a eu lieu sur plusieurs millénaires.
Ensuite la faune et la flore se sont développées, du moins se sont adaptées et donc sont apparues des espèces endémiques……
Endémique c’est le maître mot ici, c’est même le nom de la bière locale, c’est pour dire !

Et bien plus tard sont arrivés les humains…
L’archipel a été découvert par hasard le 10 mars 1535 par un envoyé du pape, Fray Tomas de Berlanga, évêque du Panama, chargé de mission pour aller au Pérou en bateau et rendre compte de la situation anarchique du pays au Pape. Cependant après quelques
jours de navigation le vent a molli (je vous l’avais dit…) et le bateau de l’évêque a dérivé ( pas de moteur à l’époque…) avec le courant de Humbolt……. Jusqu’aux Galapagos !
Ensuite très peu d’occupation humaine jusqu’au XIXème siècle !!
En effet il n’y eu aucune population installée durablement sur ces îles volcaniques assez inhospitalières, à part des baleiniers en relâche, des explorateurs/scientifiques et des pirates (qui venaient y cacher leurs butins et capturer des tortues géantes pour avoir de la viande fraiche à bord car elles seules peuvent survivre durant des semaines sans manger ni boire. Il était facile de les attraper, elles ne courent pas vite…, les stocker sur le dos en fond de cales et les tuer au moment voulu, c’est bien triste…).
Le visiteur le plus célèbre fut sans conteste Charles Darwin en 1835. En raccourci, 23 ans après son passage il publie sa théorie de l’évolution des espèces par la sélection naturelle basée sur l’observation des espèces endémiques rencontrées ici, et notamment les pinsons. Ce traité va bouleverser les fondements de la pensée scientifique occidentale…..on est loin d’Adam & Eve et il a fallu plus de 7 jours !
Certains scientifiques pensent que les incas connaissaient ces îles mais c’est une thèse très controversée !

Les espèces introduites, intentionnellement ou pas, sont : rats, chèvres, chiens, vaches, chevaux, porcs, chats, ânes. Ce fut fatal à plusieurs espèces endémiques qui n’avaient pas de prédateurs depuis des millénaires….
Ce faisant les animaux connaissent pas l’homme et donc n’en ont pas peur. On peut approcher les otaries, les iguanes, les oiseaux sans peine. Du coup il est interdit de les déranger, de s’en approcher de moins de 2 mètres, d’utiliser le flash pour les photos, de
leur donner à manger, de toucher/cueillir des plantes, ramasser des coquillages, cailloux, lave etc etc….la liste est longue et je peux vous dire que c’est appliqué. Sous un auvent j’ai pris une otarie en photo couchée sur un banc public, mon flash s’est déclenché en automatique, le secouriste de la plage voisine s’est amené illico pour me sermonner !!
Le parc national des Galapagos englobe toutes les îles et le domaine maritime alentour…..Tout est interdit !
Pratiquement toute activité, sur terre ou en mer, doit être encadrée par un guide du parc, il faut donc passer par des tours operators locaux, tout est régenté !
Par contre il y a un réel effort coté écologie, par exemple au restaurant les cocktails sont servis avec une paille en inox, donc réutilisable. Et on a très peu vu d’articles à usage unique comme les assiettes/couverts/verres/sacs de courses en plastique.
Seules 4 îles sont habitées : l’île de Floreana (interdite aux voiliers), et les îles décrites ci-dessous dans l’ordre de notre passage :


île de SAN CRISTOBAL, Puerto Baquerizo Moreno :

Comme souvent une fois l’ancre enfouie il faut faire les papiers de suite…..mais étant arrivés à 17h Bolivar, notre agent, préfère reporter au lendemain matin, 6h !, son passage. Cool, on a pu se reposer tranquille pour la première soirée.
Le lendemain les autorités arrivent à 9 personnes sur Oxygen. J’avais pensé leur faire du café, mais vu le nombre j’y renonce. D’autant qu’ils veulent voir les coques, nos provisions, le frigo, les gilets de sauvetage, les moteurs, le GPS, la route parcourue sur la
carte marine, inspecter les coques en plongée et en même temps il faut remplir les documents d’immigration…..bref c’est intense….et je ne vous parle pas de leurs rangers qui laissent des traces sur le pont !!
Au bout d’une heure ils repartent, ouf. Tout va bien, nous sommes acceptés.
En fait on ne doit rien amener qui puisse contaminer l’archipel !!!! donc pas de plantes vertes, pas d’animaux, pas d’insectes à bord (Oxygen subira une fumigation pour tuer tout insecte qui aurait pu se cacher dans les fonds, ou derrière une pile d’assiettes). On a
caché nos fruits/légumes/œufs etc. L’inspecteur a regardé avec minutie notre frigo : fromages, jambon Serrano, bacon, saucisses, beurre tout y est passé…..et enfin il a décrété que tout était parfait !!!
Mais ne croyez pas que ce soit si facile. Certains bateaux sont refusés pour coques trop sales par exemple, ils doivent donc repartir à 60miles nautiques (110km) des côtes, plonger et gratter la coque en pleine mer !!! Ensuite ils reviennent et leur coque est de
nouveau inspectée.
Le mouillage est calme, bien protégé. Il y a beaucoup de barques, des petits bateaux à moteur pour la pêche ou la plongée et 5 à 6 petits paquebots pour environ 15 passagers. La ville est colorée et quelques plages au beau sable blond où se prélassent des otaries…
Comme la fumigation (belle fumisterie) nécessite de laisser le bateau 4h tout fermé, on repart en même temps que les autorités en ville à bord d’un water taxi.
Aux Galapagos nous n’utiliserons jamais notre annexe, il faut toujours faire appel aux water taxi, on les appelle sur la VHF. Les chauffeurs sont sympas et surtout très habiles malgré que les barques fassent 5 mètres environ de long (pour 15 à 20 passagers). Les
prix sont fixes pour chaque île, à San Cristobal c’est 1$/pers et par trajet (0.8$ à Santa Cruz et 2$ à Isabela).
Je remarque que les otaries squattent tous espaces accessibles sur les bateaux voisins…Ce serait une veine me dis-je si elles daignaient elles venir sur Oxygen ?? Je ne me doutais pas de la suite…
Centre administratif de l’Archipel, Puerto Baquerizo Moreno est une petite ville de 7500 âmes avec une seule route au sud pour aller à Puerto Chino, qui est….juste une plage !!! Cette route dessert aussi le village de Progresso et de nombreuses fincas (fermes d’élevage / plantations ).
En ville les rues sont faites de pavés autobloquants formant des motifs, les trottoirs dallés de pierres de lave (matériau local à profusion…) et les maisons colorées, pas plus de 2 étages. C’est très propre.
Il y a beaucoup de petits restos sympas, on y mange simplement mais c’est bon, l’ambiance est détendue, les gens tranquilles, souriants, serviables.
Sur le front de mer il faut slalomer entre les otaries et les iguanes marins, ils sont chez eux et roupillent sur le trottoir ou sur la chaussée…..il ne viendrait à l’idée de personnes de les déranger (et c’est interdit). Ils n’ont aucune appréhension de l’homme !!!

Dès la première nuit nous avions entendu des bruits, des vibrations inhabituelles, à bord…je me lève et découvre 2 otaries installées dans la jupe babord, au raz de l’eau. Je vais me recoucher, ravie et impatiente de les retrouver au réveil !!
Sans doute que les otaries ont dû se passer le mot, la nuit suivante Oxygen s’est trouvé colonisé par un énorme mâle d’environ 200kg qu’on a baptisé Ernest, ses femelles et petits… Comme Ernest est le chef, c’est lui qui se prend la meilleure place, carrément sur
le pont juste au-dessus de notre cabine. Nous dormions à 1m de lui ! Quand je dis que nous dormions c’est un peu optimiste car les otaries font un bruit d’enfer : Ernest ronfle ! et ses copines discutent, allaitent les petits, éternuent…un vrai bazar.
Ensuite on a tout de même tenté de faire des barrages avec des défenses, en haut de chaque jupe pour limiter l’invasion, mais certains femelles et jeunes plus agiles arrivaient tout de même à venir sur le pont, trouvant sans doute que les jupes ne suffisaient pas ! On en a même retrouvé tranquillement installé sur la table du cockpit….
Plongée bouteille au pied du Leon Dormido, magnifique cathédrale de tuff au large, sur un bateau de plongée avec 1 capitaine, 1 marin, 1 guide officiel de plongée et 10 touristes. Dans ce cas le sport ne consiste pas à plonger mais à enfiler la combinaison
intégrale néopréne 7 mm : un enfer. Mais ensuite tout va bien. Entre 10 et 20m de profondeur le long de la paroi rocheuse, il y a une station de lavage !! C’est-à-dire que des colonies de petits poissons débarrassent les gros des parasites accrochés sur la peau ou même installés dans la gueule. Ainsi on plonge, on reste calme le long de la paroi et on observe un ballet de requins, dont les fameux marteaux, de raies mantas etc ….en train de se faire toiletter par une myriades de petits poissons… Et par ailleurs d’innombrables tortues, étoiles de mer, des bancs de poissons incroyablement épais et denses que les otaries traversent comme des folles semant la panique….mais pas de photo car notre matériel ne supporte la descente au-delà de 10m !


A terre nous avons fait une belle ballade jusqu’à la colline des frégates (Cerro de la Tijeretas) parmi les blocs de lave et la végétation de palos santos et de cactus opuntias mais peu d’animaux. Le sentier pédestre est magnifiquement dallé de lave, rando très
sympa d’environ 5 km au nord de Puerto Baquerizo Moreno se terminant par le musée d’interprétation très bien fait, attractif, pas ennuyeux. Même Sylvain a apprécié, c’est pour dire !!
Notre agent Bolivar nous propose de l’accompagner sur l’unique route de l’île pour aller à Puerto Chino, un périple de 15km tout au plus !! On passe dans la village de Progresso avec l’un des plus gros Ceiba au monde (qu’ils disent….), on s’arrête à la galapaguera, centre de croissance de tortues galapagos en milieu ouvert, seules les plus jeunes sont dans des enclos. Et enfin on arrive à Puerto Chino, petite plage mignonne avec otaries, pinsons, iguanes etc. Au retour on prend un chemin de terre pour s’arrêter dans sa finca, c’est-à-dire sa ferme de plusieurs hectares avec production d’oranges, papayes, avocats, des poules, et un élevage de vaches, il m’explique qu’il fait des croisements pour s’approcher de la charolaise….et Il y a une baraque en planches où « vivent » sommairement 4 ou 5 ouvriers agricoles !
Nous repartirons avec profusions de fruits succulents, cueillis à point, un délice !
Au bout d’une semaine nous partons pour Santa Cruz….35miles nautiques, réglés en 4 h !

SANTA CRUZ, Puerto Ayola :

C’est l’île la plus habitée avec 10000 personnes, le centre de toute l’activité touristique des Galapagos. Il y a la ville de Puerto Ayora avec d’innombrables petits hôtels plus ou moins luxe, restos, boutiques de souvenirs, et 2 villages Bellavista et Santa Rosa, où il n’y a rien.
Pour vous expliquer sommairement le « système touristique » des Galapagos :
– Arriver en avion de Quito à l’aéroport de Baltra, petite île au nord de Santa Cruz séparée par un bras de mer d’environ 200m
– Prendre un bus
– S’embarquer sur la navette pour traverser les 200m de mer
– Reprendre un nouveau bus au nord de Santa Cruz et rejoindre Puerto Ayora (à 40km)
– Ensuite il y a 2 espèces de touristes : ceux qui dorment à terre dans des hôtels et font des excursions à la journée et ceux qui séjournent à bord de petits paquebots de 10 à 20 pers qui se déplacent sur différentes îles/sites au gré du programme préétabli. Ces derniers sont les plus riches, forcément.
Coté activité : il y a rando sur les volcans avec cactus et tortues, il y a d’innombrables volcans/cratères ici mais la lave est la même partout….peu d’animaux, peu d’oiseaux même….ou il y a plongée…
Les sites sont extrêmement règlementés, impossible de faire quoique ce soit sans un guide…..
Ensuite pour aller sur Isabela ou San Cristobal, il y des navettes qui font des aller/retour quotidiennement.
Le 31 octobre Santa Cruz fête haloween avec les enfants parcourant les rues pour quémander des bonbons, ben oui, ici aussi !!!
Et le lendemain, la Toussaint, petit marché d’artisanat et stands d’encas locaux à déguster sur le pouce : délicieux aussi bien pour les produits que l’ambiance avec les locaux en famille. A priori c’est comme pour le 1er mai chez nous, les familles peuvent vendre leur production , leur travail sur la place publique. A noter un jus de fraises incroyablement intense en gout qui m’a rappelé en tous points la mousse qui se formait durant la cuisson au-dessus de la confiture de fraises que faisait Mémé !!

Pour info pour les copains plaisanciers, il y a un shipchandler bien achalandé, on y a même trouvé une batterie pour la VHF portable Icom, Sylvain n’y croyait pas…Par contre c’est 50% plus cher qu’en France……
Le mouillage n’est pas terrible, très encombré par les paquebots de plongée, les water taxi le sillonnent de long en large toute la journée pour les touristes, les appros, les locaux qui travaillent sur les bateaux etc etc….Et encore on a eu de la chance car il n’y
avait pas trop de houle, car c’est, des trois abris, le plus exposé !

A pied nous parcourrons les 3km de sentier dallé de lave jusque la plage de Tortuga bay, magnifique plage au sable blanc, lumineuse, eau translucide et ses colonies d’iguanes marins et d’otaries : très belle ballade à faire (ne pas oublier d’emporter de l’eau…)
On fait la connaissance de Walter, guide terrestre que nous avait recommandé notre agent Bolivar, pour une ballade en voiture, ballade privative sans autre touriste. Circuit : On va jusque l’embarcadère pour Baltra, on s’arrête pour voir los Gemelos (2 voutes de
lave effondrées), un tuneles terrestre (couloir de lave de plusieurs mètres de diamètre, en fait ça s’est formé lors d’une très grosse coulée de lave qui se refroidi en premier sur l’extérieur alors que la lave continuait à s’écouler à l’intérieur, l’éruption finie, il ne
reste que le tunnel, la lave chaude s’étant écoulée, impressionnant), beaucoup de pamplemoussiers sauvages (Walter nous en cueille des dizaines, délicieux) et on va voir une finca (ferme) sur les terres de laquelle il y a beaucoup de tortues géantes, énormes,
aucunement effarouchées. On traverse les bourgs de Santa Rosa & Bellavista, patelins tranquilles…..
Par nous-même nous allons à la Station scientifique Darwin, mais la visite n’est pas à la hauteur de nos espérances : des tortues et des iguanes terrestres dans des parcs, comme dans un zoo et peu d’explication en dehors d’une salle de « musée ». Tous les autres bâtiments sont interdits de visite.
Après une semaine, nous quittons Santa Cruz pour Isabela à quelques 40miles nautiques, soit 5 h de navigation…Bagatelle !




ISABELA, Puerto Villamil :
Isabela est la plus tranquille, la plus campagne avec ses seulement 3000 âmes, c’est la championne des volcans : 6 à elle seule, dont le pont culminant des Galapagos avec Wolf, 1707m !
Le mouillage est calme et bien abrité, c’est de loin l’abri le plus protégé des trois.
Il y a une vingtaine de petits bateaux de plongée à la journée mais qui sont proches du ponton. Nous ne pouvons les rejoindre en raison de hauts fonds et devons mouiller à l’entrée de la baie, ce qui nous arrange bien. Nous sommes donc seuls durant 1 semaine si ce n’est une barge panaméenne dont les locaux déchargent le ciment. A noter aussi 1 à 2 paquebots de plongée par jour.
La ville est à 1 km du ponton, les rues sont sablées, les maisons basses et colorées, de multiples agences d’excursions rando et plongée à la journée, des petits restos.
Les touristes viennent ici surtout pour 1 ou 2 jours depuis Santa Cruz.

De notre côté nous nous inscrirons sagement pour 2 excursions :
On prend notre courage à 2 pieds pour faire la rando du volcan Sierra Negra, départ en bus avec un guide de rando et 23 touristes (américains, norvégiens, allemands…). Nous traversons des plantations de café, oranges, pamplemousses, goyaves, avocats,
papayes, tomates, et des pâturages avec vaches et chevaux….et à 800m nous stoppons : plus de route !
Après quelques explications du guide, on s’élance à l’assaut du chemin, tout d’abord dans le brouillard, il ne pleut pas et pourtant nous sommes trempés, l’humidité est palpable, les fougères sont à la fête ici ! il fait à peu près 20°c mais on a froid malgré nos
coupe-vent.
Ensuite le soleil parait timidement d’abord quand on est sur l’arrête du cratère à 1200m. C’est le second plus grand cratère au monde (après celui de Ngorongoro en Tanzanie, qu’on a fait aussi, génial!!), 10km de diamètre, on ne pouvait pas le voir en entier…Il
est rempli de lave noire uniforme….et on poursuit vers un second cratère, au milieu d’un paysage lunaire de lave sous un soleil de plomb, quelques cactus candélabres, acacias rabougris… Nous ne verrons pas beaucoup d’oiseaux si ce n’est pinsons,
tourterelles… D’en haut, on voit l’isthme de Perry, c’est-à-dire la partie d’Isabela la plus étroite.
On a pu voir aussi en altitude des filets de récupération de l’eau du brouillard Garua. Au contact du filet l’humidité s’y concentre et l’accumulation de cette dernière finit par former un filet d’eau récupéré pour les abreuvoirs des bêtes, et aussi les habitations je
pense.

Et 2 jours après, on part en petit bateau pour 45mn de navigation jusqu‘au site des tuneles marins (tunnels ) avec 8 autres touristes (américains, allemands, équatoriens).
Au programme :
snorkeling : requins pointes blanches, hippocampes, tortues marines géantes, tunnels de lave sous marins, serpentine…
à terre (de la lave) : manchots des Galapagos, fous de Bassan à pattes bleus, sternes Noddi, grands Héron bleu et son jeune au nid, et encore de la lave…



Toutes les excursions sont extrêmement rodées et le programme pour un même site est strictement le même pour toutes les agences. D’ailleurs tous les paniers encas sont fournis par le même hôtel et les moyens de transport sont mutualisés : vous ne verrez
jamais partir 2 bus ou 2 bateaux de plongée à moitié pleins, les touristes sont regroupés quelque soit l’opérateur. C’est du bon sens mais on se sent embrigadés dans une machine infernale. Ensuite il est toujours possible de faire du sur mesure mais le prix est
prohibitif….
Juste à l’ouest de Puerto Villamil en accès libre, nous faisons une marche de 8km pour atteindre le « Mur des larmes », mur de moellons de lave construit par les 200 bagnards (prisonniers de droit commun mais aussi prisonniers politiques…) de la colonie
pénitentiaire équatorienne installée de 1944 à 1959 sur ce site. La vie y était si dure et les gardiens d’une telle cruauté qu’après plusieurs scandales et abus sexuels, les autorités ont dû fermer le bagne et détruire les bâtiments. il ne reste que ce témoignage d’empilement de pierres de lave de 50 m de long sur 8 m de haut et 6 m d’épaisseur….A part ce triste mur, la ballade est chouette sur un sentier très praticable avec de multiples points de vue. A observer courlis corlieu, iguanes, otaries, encore les même mais
toujours sympa !


Juste derriére Puerto Villamil il y a 2 lagunes où on peut observer flamands roses, poules d’eau, échasses communes.

Fou de Bassan masqué, mais on l’a tout de même reconnu !
Ce fou semble nous dire : » tout ça c’est chez moi !! »
Et au bout de 3 semaines aux Galapagos nous quittons nos chères otaries pour rejoindre la cote équatorienne….
Conclusion :
Ne pas voir les Galapagos aurait été une bêtise même si ce n’était pas sur notre route, et on a le privilège d’avoir du temps….
On a adoré observer les otaries, les fous, les iguanes et tous leurs copains mais les autorités ne mettent pas beaucoup du leur pour accueillir les plaisanciers comme nous. Les démarches sont compliquées, chéres (les plus chéres au monde 1700$ pour Oxygen et 2 personnes….) pour aboutir à être coincé sur 3 mouillages entre des paquebots de touristes, des water taxi…..nous ne faisons pas du voilier pour nous retrouver ainsi sans pouvoir à notre gré prendre notre annexe et aller faire de la plongée apnée où bon nous
semble. Nous préférons mouiller Oxygen dans une baie déserte (suivant l’expression du Cap’tain : loin des c…).
Pour info, notre agent Bolivar nous a informé que nous étions le seul voilier sur octobre et novembre sur toute l’archipel, en tout cas officiellement. Bien sûr ce n’est pas non plus la saison de passage des voiliers (janvier à mars) qui vont de Panama aux Marquises Mais chaque année quelques-uns s’arrêtent ici officiellement (environ 50) et d’autres clandestinement, mais ils sont vite chassés au bout de 1 ou 2 jours. Juste le temps de dormir un peu !! Voyez ce n’est pas foule !
Les autorités font miroiter que c’est un archipel exceptionnel, avec des espèces endémiques à foison etc etc, mais comme les sites d’observation sont interdits, il faut se contenter des prospectus. Imaginez un touriste qui arrive à Paris et le douanier lui dit :
Bonjour Monsieur le touriste, à Paris on a Montmartre mais vous n’avez pas le droit d’aller dans le 18éme arrondissement. C’est ballot !!!!
Bien sûr vous allez me dire que c’est pour les préserver du tourisme de masse etc etc, mais c’est pas vous qui en étiez tout proche sans pouvoir les observer en vrai, tranquille…..et nous ça nous énerve !!
Par exemple sachez qu’il existe ici un cormoran exceptionnel, appelé Cormoran Aptère. Comme il n’avait aucun prédateur et qu’il trouvait sa nourriture jusque à côté de son nid, il suffisait de savoir nager, il a donc « décidé » de ne plus voler. Résultat au fil du
temps et donc de son évolution ses ailes ont diminué au point que désormais il ne puisse plus voler et son bréchet a disparu. Ben on l’a pas vu !! Ci dessous une photo car c’est exceptionnel…mais on l’a pas vu !!!
Voyez la différence de taille des ailes….
Mais fini la critique, on est ravi d’avoir vu ces îles et leur habitants, pour l’heure il est temps (12 novembre) de rejoindre l’Equateur « continental », 600m à parcourir…..
Il nous a fallu 4 jours / 4 nuits d’une navigation sans souci, bon plein avec 2 ris dans la GV. Super. On a même 5 copains fous de Bassans qui nous ont suivi et dormaient sur la filiére tribord. Je ne sais comment ils arrivaient durant des heures à tenir en équilibre
sur le cordon (dynema quand même) de diamétre 5mm avec leurs grosses pattes palmées. Ce sont des Fous de Bassan à pattes rouges ceux-ci, donc « cousin germain » des pattes bleus !!
Bien sûr on aurait pu faire commerce du guano à l’arrivée !


Isla de la Plata :
Comme nous avions un peu de temps nous avons voulu nous arrêter sur Isla de la Plata, une île déserte quelques 30miles nautiques avant le continent. Elle fait partie du parc Machalilla.
Bien nous en a pris. Un pur bonheur, de quoi nous rabibocher avec l’Equateur !!
Il y a juste un petit batiment où logent les 4 gardes du parc.
Nous n’avions pas le droit d’aller à terre (encore !!) mais la vie au mouillage était comme on l’aime….Seul au milieu des barques de pêcheurs, ils accrochent leurs barques les unes aux autres, et même à Oxygen. Ils vont pêcher la nuit en dehors des limites maritimes du parc et reviennent au matin vers 8h jusque 16h pour repartir en pêche. Bien sûr ils nettoient leurs prises et du coup plein d’oiseaux sont constamment aux alentours attendant comme des labradors pour la gamelle : pélicans, frégates, fous…Et sous l’eau les gros poissons et tortues se régalent du même festin…..
Les tortues sont si peu peureuses qu’une d’entre elle m’a heurté alors que je nettoyais la ligne de flottaison d’Oxygen. Et une autre a mordillé ma palme : Fantastique….


Ci dessus démonstration de ‘incroyable agilité des frégates. Je rappelle que cet oiseau ne peut se poser sur l’eau ou au sol sous peine de ne pas pouvoir repartir. Il doit pouvoir s’envoler d’une hauteur, un arbre ou un mat de bateau. Du coup il doit pêcher en vol, à l’arrache !! Sinon sa spécialité c’est aussi de voler les prises des autres oiseaux comme les fous de Bassan !!
Voila pour cette épisode, nous laissons Oxygen au mouillage à Bahia de Caraquez, sur la côte équatorienne, amarré sur 2 bouées et nous partons à la découverte des Andes, à pied, en bus et en avion !
Fin janvier, ce sera le départ pour la traversée du Pacifique par l’île de Pâques, Pitcairn et les Gambier….
A bientôt pour de nouvelles aventures !

Les jupes des coques allongées sont une belle plage pour les otaries des Galápagos.
Merci pour le récit de ces aventures.
Je transmets à Pauline et Lucie.
Soyez prudent.
Laurent
Splendide reportage Isa !! C génial ! Des gros bisouss et profitez bien !!
La Smala !!