
Nous sommes le 24 avril et tout juste libérés de la quarantaine sanitaire imposée par les directives gouvernementales polynésiennes. Nous ne perdons pas de temps et prenons le premier vol Tahiti / Raiatea dès 7h…. Faut dire que nous sommes impatients de retrouver Oxygen qui nous attend depuis presque 4 mois au ponton du chantier CNI !!
Dès notre descente d’avion nous avons le plaisir de retrouver Jane et Marc ainsi que Claude et Jojo. Ils nous font un véritable accueil à la polynésienne avec colliers, couronnes et bouquets de fleurs et feuillages, c’est très touchant.
Mais ce n’est pas le tout, faut désormais mettre les bouchées doubles pour préparer Oxygen rapidement car nous ambitionnons de rejoindre les Marquises Nord. Or à partir de mi-mai les conditions météo dans cette partie du Pacifique se corsent, il faut donc partir au plus vite…..
Heureusement grâce au déshumidificateur qui a tourné durant toute notre absence, l’intérieur du bateau est nickel, aucune trace d’humidité ou moisissure comme si nous l’avions laissé la veille. Ouf !
En 4 jours nous nettoyons le pont, les hélices (en apnée, dur dur..), la ligne de flottaison, installons les équipements (emmagasineur de voile avant, sécurité, pêche, coussins extérieurs), découvrons les panneaux solaires et annexe, testons les 3 moteurs (les 2 in-bords et le hors-bord de l’annexe) et les instruments de navigation, faisons l’avitaillement dans les divers magasins et marché de Uturoa. Bref nous mettons Oxygen en ordre d’appareiller ! Jane et Marc nous ont bien soutenu et aidé sur ce bref mais intense épisode de préparation….

Puis c’est parti pour une grosse navigation de … 5 miles (environ 8km) !! … pour rejoindre nos copains Tao dans le lagon au motu Aito, juste en face d’Uturoa. Pour ce galop d’essai nous avons à notre bord Marc.
Cap’tain Syl va chercher en annexe Jane au quai d’Uturoa qui avait pour mission de réceptionner du vin et un paddle que Syl a commandé à Tahiti (livraison par le Taporo, cargo ravitailleur de Polynésie).
Puis nous allons tous 4 à bord de Tao pour fêter dignement nos retrouvailles. Autant vous dire que ça s’est bien déroulé !!!

Dès le lendemain nous partons pour les Marquises Nord.
Je laisse la parole au Capitaine qui veut vous narrer cette navigation :
Assurément, les îles Marquises se méritent.
Jacques Brel avait peiné sur son grand et lourd voilier entre Panama et les Marquises.
Pourtant, il était supposé bénéficier de conditions favorables et vents portants… N’oublions pas que son cancer le rongeait et aussi qu’il naviguait en équipage réduit…
Oxygen est un bateau proportionné pour naviguer à deux, par ses dimensions, les efforts demandés et l’espace, certes confort, mais qui n’a rien de comparable aux catamarans actuels offrant plus du double de volume habitable.
Cherchez l’erreur.
Nous naviguons presque toujours à deux, ce qui revient à naviguer en solitaire puisque quand l’un dort, l’autre veille et vice-versa.
Nous sommes décidés cette saison à remonter vers les Marquises depuis les îles sous le vent, espacées de quelques 900 miles (+/- 1700km) à « vol d’oiseau » …
Notre première étape consiste à rallier les Tuamotu. Nous profitons d’un calme pour avancer au moteur et gagner Toau où nous relâchons 2 nuits à l’anse Amyot.
Aussi, afin de rallier les Marquises depuis l’atoll de Toau, il reste 550 miles à courir vers le NE…
Les vents dominants étant principalement Est, chacun comprend aisément que Oxygen va naviguer au près serré, voire tirer des bords, pendant une belle semaine…
Nous poursuivons notre périple mais bientôt, en route au près depuis déjà trois jours et trois nuits, une avarie sérieuse questionne notre devenir…
Nous sommes au milieu du Pacifique, à 550 miles de Papeete et 440 miles des Tuamotu, derrière nous !
Les Marquises sont à 250 miles devant, au vent, et la seule solution pour y aller est de tirer des bords…

Et crac !
Le point d’écoute du solent (petit foc) se déchire au niveau des sangles bouffées par les UV !

Et pourtant la voile a 3 ans…
Mais elle est restée exposée lors des divers hivernages depuis 3 ans…
Je n’ai pas checké, mea culpa, on ne m’y reprendra plus…
Bref, nous voilà sans voile de près et il reste…. 250 miles pour le plus proche point d’atterrissage situé aux Marquises, au vent …
Or, un voilier ne sait pas remonter au vent sans voile d’avant dûment bordée.
Euh, on fait quoi ?
Réparer semble inenvisageable car l’épaisseur de la voile à cet endroit présuppose une alène dont nous ne disposons pas (encore) à bord-:(
Demi-tour sous code 0, travers sur les Tuams ou Papeete mais…500 miles… qu’il faudra refaire à l’inverse après réparation de l’avarie… ???
Et pas motivante la marche arrière…
Nous affectionnons particulièrement ces Marquises décidemment hors de portée.
Nous avons prévu d’y passer 2 mois en attendant nos amis qui viennent profiter fin juillet… et nous aimerions les récupérer… aux Marquises !
Les fameuses Marquises…
L’incident vient de se produire, nous roulons le solent qui fassaye en drapeau et nous restons hébétés quelques instants…
Et la nuit va tomber dans 30 minutes…
Isa calcule l’autonomie gasoil, ça semble coller si on fait route en utilisant alternativement bâbord et tribord, pendant 250 miles avec le vent dans le nez, 15/20 nœuds…
En revanche, pas sûr que ça le fasse avec la moyenne espérée de 5 miles / h…
Ca questionne le marin….
Dubitatifs, optimistes et non résignés, nous optons pour les Marquises à 250 miles….
Nous voilà au moteur toute la nuit avec GV haute et de beaux creux pour jouer à saute-mouton, ça va être long… 60h…
Jusqu’à ce que…. Eureka !!
Je pense enfin (…) pendant mon quart de nuit, vers 23h, fort tard il est vrai, à la présence opportune d’un tourmentin à bord !!!
Un tourmentin est une petite voile d’avant, épaisse, solide, destinée aux conditions extrêmes, aux tempêtes.
Il y en a très peu sur les catas de croisière mais, bien conseillé par Bernard Mallaret de Deltavoiles, j’ai eu le bon réflexe de considérer qu’en matière de sécurité, qui peut le plus, peut le moins…
Nous disposons donc à bord du «storm bag» signé Deltavoiles, conçu pour avec subtilité afin d’être établi autour du solent ferlé, ça tombe plutôt bien -:)
Ouf, soudain, la nuit semble plus propice au sommeil réparateur…
Je savoure ma solution et je dors pendant qu’Isabelle prend son quart à minuit.
Aussi, au petit matin, nous mettons en panne, gréons le fameux tourmentin, bidonnons au cas où les 4 jerrycans de gasoil dans les réservoirs, et renvoyons la GV à deux ris + le fameux tourmentin !

Le miracle se produit, nous faisons route au près, ça avance moins bien et moins au cap mais ça sauve les meubles, yes !
Les moteurs sont coupés, Oxygen poursuit sa route direction Nuku Hiva aux Marquises du nord, 3 jours selon les conditions…
Le Tourmentin assume sa fonction de voile d’appui sans propulsion. Nous avons entre 17 et 27 nœuds de vent apparent, nous gardons 2 ris par sécurité et pour ne pas déséquilibrer Oxygen.
36h après, nous sommes à 150 miles dans l’ouest de Nuku Hiva.
Le vent mollit et nous rageons car les bords ne sont pas très efficaces avec ce tourmentin…
Nous patientons encore…
Puis à 100 miles de l’objectif, faute de vent, nous nous résolvons à actionner les moteurs et faisons route sur la plus grande île des Marquises, Nuku Hiva.
Arrivée au petit matin, mouillage dans la vaste baie de Taiohae, une cinquantaine de voiliers au mouillage autour de nous !
Une raie Manta vient tournoyer autour du bateau pour nous souhaiter la bienvenue.
Parmi tous ces bateaux, nos amis Cathy et Willy, sur leur superbe TS5 Moea Piti, nous accueillent pour un dîner convivial fort apprécié !
Après vérification auprès de Deltavoiles d’où provient ce récent solent, les sangles brûlées par les UV sont en spectra, ce qui se fait de mieux…
On se pose quelques jours et faisons réparer notre solent par la voilerie du chantier MMS sur l’île sœur Hiva Oa ou nous expédions la voile en avion !
Nous voilà aux Marquises Nord.
Tout un monde à découvrir…
Du temps, la santé, un beau voilier, que demander de plus ?
Nous vivons des jours heureux.
Merci Cap’tain Syl…

Les Marquises se méritent …. Et se distinguent, sachez que les îles marquisiennes ont un décalage horaire par rapport au reste de la Polynésie. Ce ne sont pas les plus à l’Est mais ont tout de même 30 minutes de plus : quand il est midi à Tahiti, il est 12h30 aux Marquises !!!
Ile de Nuku Hiva
Taiohae


Baie de Taiohae et sa lumière magique le soir
Nous arrivons donc dans la baie de Taiohae le 8 mai, centre administratif de l’île de Nuku Hiva et de l’archipel des Marquises.
On y retrouve avec grand plaisir Moea Piti (magnifique cata Marsaudon TS5 de Cathy & Willy) et faisons connaissance avec Ulys (monocoque de Jean Michel).
Sitôt notre arrivée quelques belles raies manta nous souhaitent la bienvenue en tournant autour d’Oxygen pendant près d’une heure !!


Le mouillage n’est pas super confort car la saison de la houle du sud débute et cette baie est justement au sud de l’île : conclusion ça roule un peu. Pour les catamarans c’est relativement supportable mais pour les monocoques c’est très pénible…
A terre on trouve de tout malgré que la population n’excède pas 3000 âmes : 1 petit hôtel luxe, des pensions de famille, 2 quincailleries, 1 boulangerie, 1 pizzeria, 4 magasins d’alimentation (à visiter de préférence juste après le passage des bateaux ravitailleurs de Tahiti) mais surtout un magnifique marché quotidien et couvert de fruits & légumes de production locale, les pêcheurs qui découpent et vendent directement au quai le produit de leur pêche matinale et quelques snack où se délecter de thon cru au lait de coco ou mi-cuit, de chèvre, de cochon ou autres délices locaux… A l’occasion on peut aussi acheter de la chèvre à des chasseurs, aux Marquises il est impossible de mourir de faim…
Il existe de nombreux sites archéologiques témoignant de la richesse culturelle marquisienne. Ils sont désormais restaurés et mis en valeur mais sans mise en scène exagérée, pas de panneau, peu d’explication, simplement respectés dans leur écrin de verdure.


La cathédrale Notre Dame des Marquises.
Au centre du village de Taiohae, il y a la Cathédrale de Notre Dame des Marquises, grande et simple, décorée de magnifiques sculptures de bois provenant de tout l’archipel et une stèle rendant hommage à l’écrivain Herman Melville : vous vous demandez bien pourquoi … A suivre …

Panneau routier : La DDE c’est du solide aux Marquises Retour de chasse, photo prise sur le parking de l’épicerie
Suite à notre aventure d’avarie de voile d’avant nous envoyons le solent par avion au chantier MMS de Hiva Oa pour réparation au plus tôt et faisons le plein de gasoil puisque nous avons fait beaucoup d’heures au moteur, contrairement à nos habitudes !!!
A Taiohae la localisation de la station Total n’est pas très pratique pour les voiliers car elle est située au grand quai des paquebots et ferries auquel on ne peut s’amarrer car parfaitement inadapté (un peu comme si vous vouliez faire le plein de votre tondeuse directement à la pompe des camions 38t !!). Nous faisons donc des A/R avec nos bidons de 20l en annexe, escaladant le quai, donc privilégiant la marée haute, les remplissant à la pompe dédiée aux voitures. Ensuite Captain’Syl fait descendre les bidons avec une corde jusque dans l’annexe où Mouss’Isa les réceptionne et retour en annexe sur Oxygen… où il faut remplir les 2 réservoirs de 120l avec la branlette (vous avez bien lu !! c’est un tuyau avec un anti retour constitué d’une bille. Le jeu consiste à remuer cet accessoire, d’où son nom, pour que le liquide, en l’occurrence du gasoil, progresse dans le tuyau et quand le point le plus haut est atteint c’est la mécanique des vases communicants qui opère…). Ce petit manège nous a bien occupé 3h….
Coté Covid, il n’y a aucun cas aux Marquises car la population est majoritairement vaccinée. Se déplacer sur ces îles peut relever rapidement du raid Gauloises car il y a peu de route. Les distances sont courtes mais longues à parcourir : marcher en sentier, monter à cheval jusqu’à la route plus ou moins praticable s’il a plu… Ainsi la vaccination par Jansen en 1 dose a été privilégiée pour les Marquises et c’est une excellente chose.
Pour la première fois en Polynésie, nous payons une taxe pour les ordures. On ne comprend pas que ce ne soit pas déjà la pratique ailleurs. La gestion des poubelles en bateau est relativement contraignante.
En navigation en haute mer, très loin des côtes, on jette à l’eau presque tout sauf le plastique (le verre c’est du sable, les canettes alu et boites de conserve acier sont rapidement détruites par l’eau de mer et les papiers/cartons se disloquent.. et bien sûr les épluchures de légumes/fruits et restes de repas sont un festin pour les poissons/crabes etc etc).
Au mouillage, ou en cabotage près des côtes, les poubelles augmentent vite de volume car on garde tout sauf les déchets organiques. C’est plus délicat car les fonds sont moindres et la marée et les courants peuvent ramener sur les rivages ce qu’on jette donc on fait des petites épluchures pour les passer par-dessus bord car on ne peut absolument pas les garder à bord ….
Ensuite quand on va à terre, on prend systématiquement les poubelles pour les déposer … mais où ???
Par exemple, l’île de Fatu Hiva, tout à fait à l’est des Marquises, est généralement la première île que touchent les bateaux qui traversent le Pacifique (même s’ils ne peuvent y faire officiellement et administrativement leur entrée en Polynésie, seulement possible à Nuku Hiva). Fatu Hiva compte 500 personnes et n’a bien sûr pas de déchetterie. Tous les bateaux qui arrivent ont envie et besoin de déposer leurs poubelles principalement constituées de plastique mais le maire a interdit le dépôt des ordures.
Que faire de tout ce plastique ???
C’est un problème pour les navigateurs et pour les habitants….
Au final les îliens brûlent ces déchets et s’en dégagent forcément des fumées pas très fun ….
Ainsi payer une taxe poubelles à Nuku Hiva nous fait plaisir car on peut honnêtement déposer nos ordures.
En se baladant on a vu de nos yeux la déchetterie où le tri est fait etc etc… et pour une petite île c’est impressionnant !
Après quelques jours on décide de partir à la découverte des autres mouillages de Nuku Hiva en compagnie de Moea Piti et Ulys.



Belle emplumé vert. Découpe du thon au retour de pêche. Mouss’Isa dans la piscine de l’hôtel Pearl de Taiohae.

Baie du contrôleur
On commence par la baie du Contrôleur le 15 mai.
Au fond de cette baie débouche une rivière et en la remontant en annexe de quelques 200m se trouve le village de Taipivai où nous rencontrons Caroline et Gabriel, guide sanitaire dédié Covid, qui nous font la visite du village de 400 habitants avec une belle exposition permanente d’artisanat organisée par Edwige, un mara’e, une épicerie et une infirmerie… Belle étape avec un mouillage relativement confort….
A noter que c’est ici que Herman Melville (il a déserté un baleinier relâchant à Nuku Hiva) vivra quelques mois en 1843 au sein de cette vallée en compagnie du peuple Taïpi, réputé cannibale comme tous les habitants des Marquises. Melville racontera cet épisode heureux de sa vie dans le livre « Taïpi ». Heureusement que les locaux ne l’ont pas mangé…. Melville n’aurait pu écrire « Moby Dick », c’eut été dommage !!!


Baie de Anaho

Puis, 3 jours plus tard, direction la magnifique baie de Anaho dans le nord de l’île, accompagné de nombreux dauphins et raies manta. Parfaitement protégée de la houle et du vent, un véritable havre de paix entouré de hauts reliefs de basalte. Le rivage de cocotiers est parsemé de quelques maisons, une pension/snack et une chapelle.
Cette baie dépend du village de Hatiheu situé à quelques 4 km. Par la terre, seul un chemin cavalier permet d’y accéder. C’est l’occasion d’une belle randonnée avec de magnifiques points de vue puisque qu’il faut franchir un col de 220m…
D’ailleurs nous ferons beaucoup de marches aux alentours sur de vrais sentiers ou bien de façon acrobatique sur les chemins de chèvres/cochons, mais toujours en compagnie de la petite chienne Malouia de la pension…



La plage de la baie, Syl et Malouia, Régal de pastèque en cours de randonnée
L’autre solution pour rejoindre Hatiheu consiste à louer les services d’un poti marara, c’est à dire une barque en alu ou en bois munie d’un bon moteur. A savoir qu’en polynésien Poti veut dire bateau et Marara est le nom donné aux poissons volants qui sautent à la surface de l’eau…
Ainsi nous passons du bon temps dans cette baie à côtoyer les locaux et particulièrement Juliette et sa maman Louise qui tiennent le snack où nous fêterons dignement les Mamans le samedi 29 mai, Maurice qui tient la pension et a travaillé 25 ans à Mururoa pour les essais nucléaires, Roger, Moana et Marie qui cultivent avec acharnement pour une production de concombres, tomates, courgettes, aubergines, pastèques. Mais leurs efforts sont régulièrement ruinés par des armadas de chenilles et autres insectes ravageurs… par contre pour les pamplemousses/citrons/coco tout va bien, production à gogo….
Il y a aussi quantité de ruches qui produisent un excellent miel comme à peu près partout en Polynésie.
Mais ce qui est très appréciable pour les voileux ce sont les multiples robinets d’eau douce potable provenant d’un captage en altitude.


Jean-Michel de Ulys, Willy de Moea Piti, les chasseurs David et ses 3 cousins, Papy Moustache de Sercul, Roger le maraîcher, Mouss’Isa, Cap’tain Syl et Cathy de Moea Piti
Raymond part en course à Hatiheu à cheval, retour le lendemain !


Cap’tain très bien entouré. Cuisson à plat des cochons de la fête des Mères chez Louise
Bon ce n’est pas le tout, mais Vincent du chantier MMS nous a prévenu que le solent réparé est reparti par avion. On décide donc d’aller à Taiohae par la route. On compte faire du stop à la sortie de Hatiheu. On pense que pour avoir une chance d’être pris par les gens qui partent travailler il faut être maximum vers 7h à la sortie de Hatiheu …. Donc dès 5h du matin on quitte le bord en annexe qu’on laisse sur la plage, emprunte le chemin pédestre de 4km à la frontale… A 6h30 on arrive dans le village de Hatiheu, cool, reste plus qu’à débusquer une voiture. Pour ce faire on traverse Hatiheu et continuons la route pour Taiohae… mais ce n’est qu’au bout d’une heure de grimpette à l’assaut d’un col perché à 470m que nous grimpons à bord d’une voiture, enfin….
Ainsi nous arrivons frais et pimpant en ville à Taiohae pour récupérer notre solent réparé. De plus une livraison de vaccin anti Covid Jansen (1 seule injection, donc parfait pour nous) doit arriver à midi de Tahiti, Ainsi on a pu bénéficier nous aussi de ce vaccin, et on en est bien soulagé.
Et devinez qui nous a piqué : Mathilde la p’tite infirmière qui a fait le confinement à Tahiti en même temps que nous….

Timing parfait, retournons au bateau : journée bien remplie mais réussie !
A Hatiheu il y a un restaurant très réputé « Chez Yvonne ». Yvonne est une figure locale, environ 85ans, maire, c’est un peu la gardienne du temple. Elle refuse tous compromis de modernisation qui pourrait « entacher » la vallée.
Ainsi :
Pas de route entre Hatiheu et Anaho par peur que des hôtels s’y construisent.
La route qui traverse le beau Mara’e est pavée de pierres volcaniques plutôt que bitumée.
En front de mer de Hatiheu la route est rouge et décorée d’innombrables dessins plutôt que uniformément grise…
Quand Yvonne partira on espère que quelqu’un prendra la relève de ce combat esthétique et traditionnel, mais pas sûr !!


Le somptueux et gigantesque banian sacré du Mara’e et l’église de Hatiheu
Baie ouest de Motuaviti
Nous poursuivons notre périple vers l’ouest avec la baie de Motuaviti le 1er juin, partie ouest, les fonds n’en sont pas cartographiés et c’est un peu la misère pour mouiller car il y a beaucoup de patates de corail…
Par contre la plage est de sable blanc, magnifique et il y a pléthore de raies manta, des petites de 1 mètre aux gigantesques de 5 mètres. Il y en a en permanence autour du bateau, une folie…
Et la plongée est belle avec eaux cristallines poissonneuses, beaucoup d’oursins crayons, des porcelaines, un vrai bonheur..

Raie Manta (celle ci de 5 métres…) Raie Léopard
Baie Hakaehu , Pua
Nous continuons le 3 juin par la baie Hakaehu, face à l’ancien village de Pua avec sa plage de sable noir.
Mouillage agréable avec fond de sable.
C’est une très grande vallée large et profonde appartenant à une seule famille dont un seul membre habite sur place en permanence : Vincent. Environ 50 ans, tatoué jusque sur le visage, célibataire sans enfant. Il entretient avec quelques employés la plantation familiale de citronniers, pamplemoussiers, orangers, fruits à pain, goyaviers, cocotiers….

Je précise que l’inscription du tee-shirt est le nom des Marquises en marquisien, littéralement : Terre des Hommes !!
et le dessin est le drapeau de la Polynésie française.

Sur ses terres se promènent en liberté quantité de chiens, cochons, chevaux, vaches et chèvres…
Sa sœur Joséphine, retraitée de Tahiti, a construit une maison où elle séjourne de temps en temps… son jardin est une véritable oasis foisonnant d’arbres et arbustes et de nombreuses ruches.
On fera de très belles marches sur ces terres relativement arides dès qu’on sort de la vallée et à chaque retour Vincent nous gâte de fruits succulents.
La plongée sur la côte ouest de la baie est superbe, eau cristalline, poissonneuse avec raies, porcelaines, requins, étoiles de mer..
Pua est un vrai coup de cœur pour nous.


Vincent et Cap’tain Syl cueillent des mangues. Le mara’e familial et la maison des aïeuls de Vincent.
Baie Haahopu
Le 8 juin nous poussons encore un plus à l’ouest, sous le vent de l’île, une dernière baie avant de partir pour Ua Pou.
On y reste juste une nuit.
Belle plongée avec de nombreuses pieuvres mais attention Danger : c’est blindé de poissons pierre !!!
Ile de Ua Pou
Hakahau

La baie de Hakahau, Oxygen est à gauche. L’église de Hakahau
Puis nous décidons de visiter l’île de Ua Pou située à quelques 40 miles nautiques.
On part le 9 juin dès 5h du mat pour une belle navigation tranquille, par contre on a tenté de pêcher mais un gros poisson nous a arraché un leurre tout neuf, un de plus…
Nous arrivons à midi à Hakahau, village principal de Ua Pou situé au nord de l’île.
Le mouillage est sûr car le fond est constitué de sable très dense donc pas de risques de déraper, par contre il n’y a pas beaucoup de place. Nous devons donc mettre en place une seconde ancre pour que Oxygen ne tourne pas avec le vent, et c’est pas notre truc préféré ! Captain Syl va déposer une seconde ancre presque sur la plage qu’on frappe sur un taquet arrière. On a l’impression d’être bien !
Mais dès le lendemain matin on voit bien qu’Oxygen a encore trop de latitude et se rapproche trop du ponton…. On recommence donc la manœuvre de façon plus sérieuse avec patte d’oie arrière, bout plombé et chaîne et maintenant c’est OK, on restera près de 2 semaines sans souci.
En se baladant dans le village de Hakahau on est frappé par le nombre d’installations sportives avec terrain de foot, salle multisports, club nautique…. On y voit des jeunes très sportifs pratiquant vélo, vaa’a (pirogue), foot, ping pong, hand, volley et tous les soirs il y a un autre type de sport sous les lampadaires du front de mer : pétanque !!
Nous aussi voulions faire un peu de sport en pratiquant la marche à pied. Ici c’est très facile, il y a beaucoup de randonnées possibles pas trop ardues.
Ainsi nous ferons la fameuse randonnée de la traversière avec Teiki, jeune homme charmant qui nous présentera sa bien-aimée, sa sœur et sa maman Juanita qui travaille à la boulangerie… on ira voir sa maison avec une vue incroyable et finalement, voulant aller visiter la famille de sa chère et tendre promise à Ua Huka, il nous demande si on peut l’y déposer puisque nous avions le projet d’y aller…. Cap’tain Syl vous en fait le récit ci-dessous….
En attendant, Cap’tain Syl avait envie de nouvelles taies pour les 8 coussins du carré et d’une belle parure de drap pour la cabine avant en tissu polynésien à motif fleuri, à la fois gai et élégant… Un vrai challenge à relever : acheter du tissu et trouver une couturière ou une machine à coudre dans cette île de 2000 personnes… finalement tout s’est très bien passé. Un magasin de vêtements avait quelques rouleaux de tissus frais et pimpants et Juanita m’a très gentiment prêté sa machine à coudre. Elle me l’a même installé dans le local du club nautique avec vue sur la plage et Oxygen. Ainsi j’ai passé une journée à mon passe-temps favori dans un décor de rêve…. Et avec les chutes de tissu je me suis fait par la suite une petite robe cousue main…. N’ayant pas de bouton j’ai utilisé un coquillage percé…



Couture dans un cadre de rêve. Les nouveaux draps de la cabine avant bâbord.
Etant mouillé juste à côté du ponton, Oxygen était aux premières loges pour observer les manœuvres des « goélettes » comme ils les appellent ici, c’est-à-dire les bateaux ravitailleurs Taporo et Aranui. Ce dernier est un fifty/fifty fret et paquebot de croisière de 250 passagers. Les pilotes sont de véritables orfèvres de précision maitrisant parfaitement le gabarit et l’inertie de ces bateaux !! On se sent tout petit …
Coté wifi au village, les meilleurs spots, et de loin, sont la boulangerie/snack et la pizzeria. Pour en avoir testé plusieurs, ces 2 adresses sont, en plus d’être « connectées », conviviales et on y mange bien !
Dans les incontournables de l’île il y a la pension de Elisa/Jérôme avec qui nous n’avons pas eu d’atomes crochus… et Tipiero chez qui nous avons fort bien déjeuné : réservation obligatoire et n’y cherchez pas la carte, il n’y en a pas. Précisez simplement si vous voulez viande ou poisson et ensuite Tipiero fait ce qu’il veut … pour le plus grand bonheur de vos papilles !


Chez Piero avec Juanita et sa fille. Teiki, son père et Cap’tain Syl en plein mécanique…
L’artisanat est très développé à Ua Pou, comme dans toutes les Marquises, mais ici il y a une matière première très particulière : la pierre fleurie. C’est une roche remarquable tant par sa couleur marron que par ses motifs en forme de pétales de fleurs. Le véritable nom de cette roche volcanique est Phonolite à grenats. On n’en trouve que dans deux endroits au monde : au Brésil et ici à Ua Pou et plus précisément dans les vallées de Hohoi et de Hakatao.
Les artisans gardent jalousement leur «spot» secret. Devenue plus rare sous forme de galets sur les plages, il faut désormais organiser des «chasses aux cailloux» en montagne. Certains îliens savent parfaitement où trouver les grosses pièces.
Une fois à l’atelier, la matière sera façonnée avec dextérité et patience. Bien qu’elle soit extrêmement dure et difficile à travailler, la pierre fleurie, ke’etu pua, est prisée des sculpteurs de Ua Pou dont le savoir-faire ancestral en extrait toute la beauté. Ils taillent, sculptent, polissent la matière pour réaliser des pendentifs, bols, umete, tiki, animaux marins ou encore des pilons, penu. Mais attention, un petit choc sur un angle et la pièce peut éclater.
Une fois poli, c’est un caillou qui saute aux yeux, différent des autres.



Mouss’Isa devant un bloc poli de pierre fleurie. L’artisanat de Ua Pou.
Ainsi une fois de plus nous avons apprécié cet artisanat et avons craqué sur de nombreuses pièces….
Pour causer pratique désormais, sachez qu’un avitaillement très correct est envisageable dans différentes épiceries du village, que la boulangerie propose un service de laundry et qu’il y a une coiffeuse (attention c’est la femme d’un gendarme popa, c’est-à-dire de métropole, qui finit son contrat fin 2021, qui sait si elle aura un successeur ??)
Au bout d’une dizaine de jours on décide de quitter Ua Pou pour Ua Huka…
Je vous invite à suivre Capt’ain Syl pour cette escale…pour le moins express….


Une magnifique pieuvre et un oursin à rayures mauves, endémique des Marquises
Ua Huka
« Avec un Outremer comme Oxygen, on se lève à Ua Pou, on déjeune à Ua Huka et on dîne à Nuka Hiva ! »
Très motivés à l’idée de rallier cette île excentrée des Marquises nord, très peu visitée et parait-il magnifique et étonnante en bien des points, nous décidons de lever l’ancre depuis Ua Pou pour Ua Huka.
40 miles séparent les deux mouillages.
Ua Huka est au NE soit navigation au près serré. Il faut compter 6 à 9h selon que l’on tire un bord ou non…
Donc départ à 3h du matin avec 2 ris, nous rencontrons 25 nds moyens et 2 à 3m de houle SSE.
Oxygen se comporte bien et remonte à 40 degrés du vent, sans trop taper malgré une mer forte et des rafales à 30nds.
Assez vite, nous approchons Ua Huka et remontons au près sous le vent de l’île, la grosse et longue houle s’apaise quelque peu masquée par le relief.
Afin d’arriver avec le soleil au zénith, nous mettons au moteur pour rejoindre l’abri de Vaipaee peu avant midi plutôt que tirer un bord.
Nous avons à bord le jeune guide Teiki (27 ans) de Ua Pou qui nous a demandé de le déposer à Ua Huka pour faire la connaissance des parents de sa future, originaire de Ua Huka !
L’approche de Vaipaee n’offre guère de doute sur ce à quoi s’attendre à l’intérieur de l’abri… aie aie aie…
La houle de SE pénètre cette profonde alcôve toute en longueur entre deux parois rocheuses. Cet abri assez engageant sur la carte est en fait un piège car il n’y a pas assez de place pour l’évitage du bateau.
Porter un bout à terre est possible mais la houle de 50cm doublée d’une eau marron claire ne donne aucune confiance pour manœuvrer, patienter, rester…
Nous mouillons court le temps de déposer Teiki à quai et prenons la sage décision de sortir au plus vite de cette impasse.
En effet, avec 20m de chaine dans 5m d’eau, notre poupe est à 6m du mordant des abrupts rochers !



On en mène pas large, c’est le moins qu’on puisse dire….
Après avoir remonté en hâte le mouillage, les deux dérives semi-basses, nous sortons avec les moteurs en puissance maxi pour affronter vent et houle.
Quelques déferlantes viennent déstabiliser brièvement Oxygen mais après 1/2 mile, nous pouvons établir la voile d’avant et couper les moteurs.
Nous sommes ravis d’être sortis sans encombre de cet endroit peu commun. Ouf !
Il existe deux autres mouillages sur Ua Huka, tous deux très exposés, rouleurs et ne présentant que peu de solution de débarquement.
Donc à quoi bon rester ?
Nous reviendrons lorsque les houles seront orientées nord, ça ira mieux.
Un peu à contre cœur compte tenu du bord de près réalisé pour venir jusqu’á Ua Huka, décision est prise de faire route sur Nuku Hiva et particulièrement la baie d’Anaho que nous apprécions et connaissons déjà, ce qui facilitera grandement l’approche qui se fera de nuit…
Avec un Outremer comme Oxygen, on se lève à Ua Pou, on déjeune à Ua Huka et on dîne à Nuka Hiva !
Vive le portant, solent déroulé, GV ferlée, nous marchons à 6nds…
Le crépuscule coïncide avec l’approche du NE de Nuku Hiva.
La nuit tombée et sous une demi-lune, nous suivons notre trace pour rejoindre le mouillage protégé de Anaho. Nous entendons les oiseaux tout autour mais ne les voyons pas. Les dauphins accompagnent notre route sous voile. À un mile du mouillage, le solent est ferlé et les moteurs nous poussent jusqu’à notre place habituelle à l’ancre, ou tout près. Il est 20h, tout est calme.




P’ti déj dominical avec bacon, œufs coque et brioche… Face ventrale d’une raie manta… Cap’tain Syl sauve une chèvre
Nuku Hiva : Ainsi dès le 19 juin nous séjournons dans la très belle baie de Anaho.
Il est prévu que des amis marins, Sergine et Bruno, nous rejoignent à bord du 1er au 25 juillet.
Ainsi en leur compagnie on retrouve les Marquises sud.
A partir de cette date nous faisons des mouillages déjà explorés dans les 2 dernières années, je ne vous les décrirai donc que très brièvement.
Puis les amis Carole et Pascal nous rejoignent du 25 juillet au 31 aout.
Ce fut 2 types de croisières très différentes.
En effet Sergine et Bruno sont des marins qui connaissent déjà la Polynésie pour y avoir navigué à bord de leur catamaran Outremer Erimus Uma qu’ils ont vendus récemment. Leur motivation était de passer du bon temps sur l’eau, retrouver les Marquises sans se presser sans challenge le tout agrémenté de parties endiablées de tarot…
Quant à la croisière avec Carole et Pascal le contexte est différent, ils ne sont pas marins et ne connaissent pas la Polynésie.
On se devait donc de leur faire découvrir un maximum de choses, pas moins de 3 archipels !!!
Je vous déroule donc assez succinctement notre programme :
3 juillet : nous levons l’ancre à 2h du matin pour rallier Hiva Oa, baie de Hanamenu que nous ne connaissons pas encore.
Nous nous faisons copieusement rincer sur ce passage au près entre Nuku Hiva et Hiva Oa, les vestes de quart sont de sortie, on essuie grain sur grain avec rafales régulières à 35nds…
On y arrive alors qu’il fait déjà nuit, heureusement Moea Piti nous y attend et nous guide. Ce que nous n’avions pas prévu c’est que des pluies torrentielles avaient ravinées la vallée et la rivière qui débouche au fond de cette baie déversait quantité de branches et même de troncs d’arbre. Cette grande quantité d’eau douce a nettoyé très efficacement notre coque car les coquillages et algues qui s’y collent ont horreur de l’eau douce qui les fait crever, c’était la bonne nouvelle… Par contre la mauvaise c’est que l’eau de la rivière était très boueuse, très chargée en terre, la coque est devenue marron sur 30cm au-dessus de la ligne de flottaison et ni Mr Propre ni la javel n’en venait à bout même en frottant vigoureusement au scotch brite. Je rappelle qu’Oxygen mesure 14m de long et étant un catamaran il faut multiplier par 4, soit 56m à frotter !!! Finalement il a fallu employer les grands moyens avec de l’acide oxalique.
Déroulé de nos pérégrinations :
5 juillet : nous retrouvons avec grand plaisir le mouillage de Hanaiapa au nord de Hiva Oa, village toujours aussi beau et tranquille…
8 juillet : on innove avec la baie voisine de Hanatekua avec sa belle plage de sable blanc.
10 juillet : on change d’île et rallions Tahuata, baie de Hanamoenoa puis Hapatoni.
Sur Tahuata, le 14 juillet on fête la République Française mais c’est aussi le jour des anciens. Tous les habitants de plus de 65 ans sont conviés pour une messe à leur attention, des danses et un déjeuner….


La sortie des aînés de Tahuata et Oxygen dans la baie de Hanamoenoa
21 juillet : départ à 3h30 du mat’ pour l’île de Fatu Hiva et revoir la mythique baie des Vierges
Mais bientôt se profile un événement très exceptionnel :
Visite présidentielle à Hiva Oa le 25 juillet 2021 !
24 juillet : Retour à Tahuata, baie de Hanamoenoa. En prévision du lendemain forcément mouvementé, Cap’tain n’a pas voulu mouiller dans la baie de Atuona où il y avait beaucoup trop de bateaux…
25 juillet : grosse journée. Un bonitier passe nous chercher sur Oxygen à 5h du matin, direction le canal de Bordelais et Atuona, soit 10 miles de navigation disons musclée, mais le pilote Steven est habile et nous arrivons à bon port dans la joie et la bonne humeur…. Sergine et Bruno partent à Tahiti et Carole et Pascal arrivent de Tahiti, ils se croisent donc brièvement à l’aéroport.


Ci-dessus : l’affiche officielle et l’arrivée de Macron accompagné par la Maire de Hiva Oa entre les danseurs et le public.
Ci-dessous : danseuses et danseurs en costume de feuillages fraîchement coupés et confectionnés le matin même.


Et ce même jour, sur la même île Hiva Oa de 2000 habitants se déroule l’exceptionnelle visite présidentielle d’Emmanuel Macron ….
Aussi, déposer nos deux amis Sergine et Bruno et récupérer Carole et Pascal à l’aéroport s’annonce challenge…
De la folie pure à organiser mais Cap’tain Syl est un peu rompu à l’événementiel. Au programme de cette folle journée : récupération de nos amis à l’aéroport, 2h de tatouage pour Pascal, chassé-croisé avec les équipes de sécurité présidentielles et le chien renifleur pour le musée Gauguin, le cimetière pour les tombes de Brel/Gauguin, l’avion Jojo de Brel, l’ouverture des fours marquisiens en soirée mais le clou ce fut le spectacle donné par les 600 danseurs et 50 musiciens marquisiens.
C’est la 1ére fois qu’un président de la République française se rend aux Marquises; or à la différence des autres archipels, les Marquises ambitionnent d’être rattachées à la France directement comme un département d’Outremer, sans l’intermédiaire du gouvernement polynésien qui siège à Tahiti. L’accueil a été grandiose et Macron paraissait réellement détendu, ça n’a dû lui arriver souvent ces derniers temps !!
Il a passé 2 h après le spectacle à discuter avec les locaux… C’était vraiment une belle journée exceptionnelle.





Ce fut un festival de fleurs et feuillages et que dire des tatouages des danseurs….


Ensuite on reste 3 jours sur Tahuata pour se remettre de nos émotions et surtout que Carole et Pascal s’acclimatent !


Avec Carole, Pascal, Steven et Poe (Patron et équipier du bonitier) chez Jimmy… Jimmy et sa très belle femme Rosa.
29 juillet : départ à 3h30 pour les Tuamotu, direction Fakarava, la passe sud Tetamanu. On mettra 4 jours pour parcourir les 450mn avec peu de vent mais c’était agréable et calme, idéal pour que Carole et Pascal ne soient pas trop indisposés.
Lors de la navigation Nuku Hiva / Hiva Oa, nous avions mal fermé le mousqueton du point de drisse. Ainsi en cours de nav, à la faveur d’une rafale de vent un peu plus forte ou un mouvement de mer plus accentué, le mousqueton s’est ouvert et la voile est tombée à l’eau. Ce fut un peu acrobatique de la récupérer car elle est passée sous la coque tribord, côtoyant au passage les nombreux petits coquillages collés… Nous l’avons confié au chantier MMS pour révision/réparation mais le voilier n’a pas eu assez de temps… Nous avons donc voulu établir cette voile code D pour la tester… Cependant on s’est très rapidement rendu compte que la voile avait de nombreux accrocs et nous avons passé la journée à inspecter minutieusement ses 130m². Résultat des courses : 46 accrocs réparés recto/verso avec de la toile autocollante.


Travail de fourmi pour réparer le code D… et voilà le résultat, une flopée de patch…
Archipel des Tuamotu, atoll de Fakarava, passe sud de Tetamanu : On arrive donc le lundi 2 août dans cette passe de rêve renommée pour ses très nombreux requins gris mais elle recèle aussi bien d’autres espèces de poissons merveilleux et passionnant à observer. Je ne crois pas me tromper en affirmer que Carole et Pascal ont apprécié cette escale.
4 aout : on navigue dans le lagon de Fakarava pour mouiller à Hirifa, c’est une belle découverte pour nous car Oxygen n’y avait jamais trempé ses coques.
6 aout, direction Rotoava le village principal situé proche de la passe nord. C’est l’occasion de manger les fesses dans l’eau avec un beau requin dormeur de 3 mètres qui rode, je précise que c’est totalement inoffensif !!
7 aout : on prend la mer pour la fameuse île de Tahiti qu’on atteint en 48 heures. C’est la première fois qu’Oxygen va à Tahiti. La marina du centre-ville ne faisant pas de réservation à l’avance, on y va en y croyant fort… et finalement on se trouve une belle place…. Le croyait-on… car dès le lendemain matin le chef de marina nous demande de changer de place illico presto car nous sommes sur une place payée à l’année par un prestataire !!! mais rien de grave, nous bougeons suivant ses desiderata et de toutes façons on ne reste que 36 heures. C’est une escale technique pour récupérer 6 batteries 6v pour le parc service du bord. On les met en place de suite pour vérifier que tout va bien, On fait ça si vite qu’on les branche à….l’envers … Catastrophe !!!! Contrairement à Robert Lamoureux, on n’a pas mis le fil bleu sur le bouton bleu !! Mais on ne sait par quel miracle il n’y pas eu de dégâts, à priori aucun instrument n’a grillé, plus de peur que de mal… coup de bol. On profite tout de même de notre passage à Tahiti pour faire un p’ti tour en ville avec ses magnifiques fresques taguées. En fait une association de Papeete sélectionne depuis des années des artistes internationaux pour décorer la ville de leur création. Ils sont de tous les horizons ce qui produit un street art très éclectique, superbe.





Quelques graphes de Papeete
11 aout : En route pour l’île de Moorea, juste en face de Papeete, baie de Vaiare. On y fait une belle rando sur les sommets et un snorkeling sympa.
12 aout : Baie de Hopunohu, c’est la baie où arriva Cook en 1777. Il y a beaucoup de bateaux mais c’est tranquille. De belle rando à faire à terre avec entre autre le belvédère…. Et il y a les baleines, on se paie le luxe d’une excursion à bord d’un bateau d’observation. On a la chance d’en voir une petite dizaine à quelques 100m.

15 aout : on bouge pour l’île de Huahine, baie de Avea tout au sud-ouest. On y retrouve avec plaisir Yes (Martine et Régis) et Mambo Nice (Fabienne et Alain) tandis que Carole et Pascal loue une auto pour faire le tour de cette belle Huahine, manger au yacht club de Fare, découvrir le musée du coquillage, acheter des paréos artisanaux, c’est toujours plus sympa que les paréos made in China…
19 aout : on fait une escale à Raiatea. Oxygen mouille face à Tenape afin d’invite Jane et Marc, ainsi que Christine et Gilles. C’est l’occasion de hisser le grand pavois. Carole et Pascal en profitent pour faire le tour de l’île, 99km en voiture pour découvrir Uturoa, le mara’e Taputapuate, la route traversière etc etc…



Oxygen sous grand pavois… Corail, poissons et tortue
21 aout : aller en Polynésie sans voir Bora Bora c’est visiter Paris sans voir la Tour Eiffel…. C’est un passage obligé et puis ça tombe super bien car le covid étant très virulent depuis quelques semaines dans le parages, le gouvernement place en confinement toutes les îles de la Société sauf Bora Bora pour les weekend, et justement nous sommes samedi…. Chouette !! On mouille donc d’abord comme d’habitude à l’entrée, face au Yacht Club. Ainsi on peut aller à terre, visiter et même aller au resto. On teste le fameux Bloody Mary, restaurant emblématique de l‘île. Malheureusement grosse déception dans ce lieu qui ne présente plus aucun intérêt de notre point de vue… Heureusement le dimanche midi on déjeune au yacht club, toujours aussi agréable, bonne assiette, personnel hyper gentil et cadre relaxant…
22 aout ; c’est lundi et à/c d’aujourd’hui toutes les îles sont confinées, y compris Bora Bora, rien à faire à terre. On file donc au mouillage dans le turquoise pour profiter des poissons des jardins de corail des hôtels somptueux de Bora…



Bora Bora par le hublot, banc de poissons bagnard et bénitiers
26 aout : ça sent la fin du voyage, on se rapproche en allant à Taha’a, la championne de la vanille polynésienne. Malheureusement on ne pourra pas aller à terre pour cause de confinement. Juste une petite entorse au règlement pour la ferme perlière où Carole et Pascal ont pu apprécier le travail de la perliculture et faire chauffer la CB !!
29 aout : dernière navigation pour Raiatea, « ranger » Oxygen au ponton du chantier CNI. Le Cap’tain fait une belle manœuvre, du premier coup on se cale.. Marc est au RdV sur le ponton pour nous prendre les amarres (c’est dimanche, il n’y pas de personnel au chantier..).
S’en suivent 2 jours de nettoyage intensif et le 31 aout au matin on prend l’avion pour Tahiti…puis Paris…
A très bientôt…


Bonjour Sylvain et Isabelle,
Merci pour le récit de voyage.
Je transmets à Pauline.