janv/fév 2019 : Transpacifique, de l’Equateur à l’île de Pâques…

1 Oxygen coucher soleil
Oxygen en TransPacifique au soleil couchant

Si Oxygen attend ce moment depuis quelques mois en Equateur, son Cap’tain vit la réalisation d’une promesse qu’il s’est faite lors de sa tendre adolescence, rêve de gamin qui, enfin, et quelle chance, prend forme !
Alors GOGOGO !!!
On vous propose cette fois un article écrit à 4 mains mêlant le récit journalier de la navigation et des paragraphes narrants certains aspects de la vie du bord comme la gestion de l’énergie ou nos activités sur 24h. Bonne lecture !
Mercredi 23 janvier, Day 1
La sortie de Bahia de Caraquez, Equateur, se fait aux aurores à marée haute sans grande difficulté.
Il y trop peu de vent pour envoyer la toile et nous touchons au moteur Isla Plata en soirée. Rassemblement inattendu de bateaux de pêche au gros rendant ce mouillage habituellement désert très encombré. Dommage. Les rangers de l’île nous apprennent que c’est un concours international de pêche sportive, il n’y a que du beau monde de toute l’Amérique Centrale et du Sud : Equateur, Chili, Colombie, Panama, Brésil, Argentine….. quel contraste avec les barques des petits pêcheurs locaux à la vie si dure…..
Jeudi 24 janvier
Derniers préparatifs pour le grand saut : dans ce mouillage limpide déserté par les bateaux de pêche au gros, nous plongeons entourés de grosses tortues marines pour caréner les œuvres vives. L’antifouling a fait le job et la carène se nettoie bien. Les
hélices aussi. Quelques autres épissures et améliorations et nous sommes fin prêts.
Prêts ? Pas sûr !
Les possibles calmes sont préoccupants et il est décidé de longer la cote vers le sud, ce qui nous dévie assez peu de notre destination, afin de refaire un plein de gasoil dans une marina locale.
Départ vers Puerto Lucia, Equateur, cette nuit à 3:00.
Vendredi 25 janvier, Day 2
La lune sourit sur ce départ matinal, salué par les dauphins et les nombreuses embarcations de pêche locales, nommées ici « fibra ».
Les équatoriens sont des gens très agréables, courtois, travailleurs et accueillants. Les pêcheurs sont sympathiques, nous nous lions souvent avec certains d’entre eux, malgré la langue qui nous prive de tout comprendre… Ces échanges font partie de notre quotidien en mer.
Nous accostons au ponton carburant de la marina Puerto Lucia vers 13h, le temps de faire le plein, de hisser le code 0 (voile d’avant de type génois, complémentaire au petit solent tout le temps à poste) et nous larguons les amarres pour l’île de Pâques (ou Rapa Nui en polynésien).
Un agréable bord de près peu chahuté nous attend vers le sud, nous faisons route avec les dauphins.
Samedi 26 janvier, Day 3
« On a pas vu de Gilets Jaunes mais on a été gâtés avec les pêcheurs en cirés jaunes »
Tandis que, du coucher de soleil magnifique à minuit, Oxygen slalome entre les nombreux bateaux de pêche et cargos, la fin de nuit en demi-lune est agrémentée de terribles filets dérivants interminables.
Pièges à voiliers, ces filets monstrueux de par leur taille de plusieurs kilomètres, constituent une menace sourde et si, par malchance, votre hélice ou safran s’y agrippe, les filets peuvent arracher ces derniers provoquant voie d’eau et, comme nous l’avons vu récemment avec un Catana 40’ en haute mer, la perte totale du navire…
Du coup, estimant qu’il serait triste d’arrêter là notre Transpac, nous veillons finalement cette nuit à deux, tant le nombre de virements de bord est fréquent et soudain.
A noter que les pêcheurs s’expriment à l’aide de puissants faisceaux lumineux, laser ou torche, et jamais par VHF… Du reste, nous confessons préférer la lumière à toute vocifération radio incompréhensible.
6h du Mat… nous tombons de sommeil. Il fait enfin jour.
Nous accrocherons encore, sans dommage heureusement, deux casiers reliés à des palangres ou filets durant cette journée de mer.
Un peu de sommeil pour chacun et les casiers et bouées se font plus rare au crépuscule. Point trop s’en faut !
Notre route, initialement devisée le long des côtes du Pérou, afin de toucher les vents de Sud Est au plus sud, se trouve un peu chamboulée et nous prenons le large pour fuir les affres des apparaux de pêche.
Nous sommes à 100nm des côtes.
Dimanche 27 janvier, Day 4
Une délicieuse nuit dépourvue d’intrus nous régale d’un souffle modeste mais bien orienté. Notre vitesse est de 5nds mais nous déplorons les 1 nds contraires du courant de Humbolt, ce qui donne environ 4 nds de moyenne sur le fond. Pas terrible, mais les vents de sud-est ne sont pas encore là et nous sommes constamment au près serré.
La journée défile sous GV et Code 0, nous marchons à 5 nds avec 8 nds de vent réel, allure enfin bon plein. Pas si mal…
Lundi 28 janvier, Day 5
Nuit tranquille, bercés par une houle presque insignifiante.
Vers 23h, de quart, j’aperçois un halo phosphorescent de la forme d’un œuf de 3m de long… le poisson est énorme et nous accompagne à presque toucher la coque bâbord, pendant plus d’une heure… il va et il vient et je ne peux m’empêcher de songer qu’un mouvement maladroit de sa part et c’est le naufrage… mais tout se passe bien, il  s’évanouit dans les profondeurs de l’océan, tandis que la Lune pointe, privant la diffusion de ces lumières si particulières dues au plancton phosphorescent.
A mon réveil ce matin, Isa, qui a lu mes notes sur le livre de bord, affirme que ce n’était pas un mammifère (baleine) puisqu’il ne sortait pas respirer, mystère…
A mesure que l’on progresse, que l’on s’éloigne des côtes, nous en sommes éloignés de 220mn, on ressent l’océan se débrider, se relâcher de cette pression côtière riche en marées et en présence humaine…
Les grands espaces sont à nous.

2 Globicéphales
Globicéphales au crane bulbeux

Dans l’après-midi nous croisons un grand banc d’environ 30 globicéphales, il est assez rare d’en voir autant à la fois ! C’est un genre de très grand dauphin d’environ 4 à 5 m avec un crane très bulbeux….
L’aube apporte sa lumière et, si le soleil est voilé, nous bénéficions d’un temps calme et paisible.
Au point de midi, nous avons progressé de 113nm depuis 24h, pas terrible mais on préfère cela au moteur, et on ne peut pas faire mieux en marchant bon plein avec le code 0, avec moins de 10 nds de vent…
Je réalise ce soir combien nous sommes chanceux de vivre notre rêve dans de telles conditions.
Le sunset est splendide et Isabelle dort dans la bannette, tandis que je suis de veille jusqu’à minuit, elle prend son quart de minuit à 6h…
Je suis seul sur le pont admirant l’immensité.

3 coucher soleil
Soleil couchant

Article :  24h à bord d’Oxygen !
Vous devez vous demander ce qu’on fait à longueur de journées et de nuits !
Je vous invite à nous accompagner 24h !
 8h30 :
Je me lève, Capt’ain Syl est de quart.
On se raconte nos quarts respectifs avec les derniers événements : la météo a-t-elle été conforme aux prévisions (en général, c’est oui !), y-a-t-il eu des bateaux (en général, c’est non !), événements particuliers comme sauvetage de poissons volants…Bref, si nos quarts se sont bien passés, ce qu’on a fait durant ce temps….etc etc…
A noter que certains flying fish viennent finir leurs vols dans le cockpit voire carrément en nous percutant. Dans tous les cas, il s’agit de les attraper vite pour les balancer à l’eau mais c’est très glissant, une vraie savonnette à attraper, et ça sent très fort…
Ensuite p’ti déj avec au menu : pamplemousse, cracottes, pain de mie grillé ou cake bateau, confitures (merci Lolo, Liliane, Yvan, Maman, Nora : on pense à vous tous les matins) miel, fromage type gruyère, jus de fruit….et tous les dimanches c’est œufs au bacon, ça rythme la semaine….

4 P'ti Déj Dimanche
P’ti Déj du dimanche

 10h00 :
Syl tente d’aller dormir 1h, mais la plupart du temps il somnole seulement, ça le repose tout de même…
Pendant ce temps : vaisselle, vérif des fonds sous les planchers des 2 coques au cas où il y aurait une petite entrée d’eau on ne sait jamais…, contrôle de la cambuse et du vieillissement des fruits & légumes….
11h00 :
Au retour de Syl, on passe à la bouine : nettoyage, bricolages en tous genres suivant la to do list du Capitaine. Petit florilège : surliures ou épissures de bouts, nettoyage des inox, inventaire des pièces moteur pour maintenance, des cordages stockés en spare, des médicaments, prise de côtes et plans pour modif ou remplacement de pièces, changement des charnières à friction des hublots, remplacement des garcettes et poulies de pavillonnerie, alignement des safrans (tous les 2 a 3 jours), je vous rassure Syl n’est jamais à court d’idées !
Et il y a bien sûr le nettoyage courant du bateau, à savoir le cockpit, le carré, la salle de bain, notre cabine et les coursives. Même les cabines inoccupées se salissent vite, il faut donc faire une fois par semaine le grand ménage des 2 coques.
12h00 Précise :
Point précis reporté sur la cartographie MaxSea de l’ordinateur.
Position GPS, nb de miles restants et ceux parcourus sur les dernières 24h.
Du reste, toutes les heures, de jour comme de nuit, sont inscrits au stylo sur le Livre de Bord divers paramètres essentiels (vent apparent, état de la mer, vitesse du bateau, cap compas, cap GPS, cap pilote, coordonnées GPS, pression atmosphérique, courant…)
Le tout agrémenté d’un éventuel commentaire ou observation utile, selon envies / humeur…
13h00 :
Pause dans la bricole et lecture détente farniente et éventuellement manœuvres de voiles.

5 cuisine
La Cuisine avec four au gaz, frigo, plaque 2 feux gaz, évier 2 bacs avec eau de mer et eau douce froide & chaude (sous pression, pas à pédale)

⇒ 14h00
Je prépare le déjeuner, bacs avec eau en fonction de l’état d’avancement des légumes.
Au début beaucoup de produits frais comme poivrons, tomates, concombres, salades vertes, radis, avocats, pommes de terre, patates douces, bananes plantains….Et quand il y a plus rien, on passe plutôt aux pâtes et au riz !!
Côté viande, on a toujours du jambon Serrano sous vide, des saucisses et des blancs de poulet surgelés.
…Et on compte sur la pêche, mais faut bien avouer que sur cette navigation Pacifique, on est de la revue coté poissons car ça ne mort pas : seulement un p’ti thon sur 2 semaines !!
Dépités, nous avons mangé des poissons volants, ramassés au matin sur les trampos, c’est très semblable aux sardines, perso j’adore mais Syl n’est pas fan….
Enfin, je concocte parfois des gâteaux au chocolat, cakes aux amandes/raisins/coco, galettes et j’ai même fait des crêpes avec du lait en poudre : ça marche très bien !
Pendant ce temps Syl gère la comm’ c’est à dire les SMS et divers messages avec vous tous, c’est du taf !
Merci Lolo pour ta revue de presse quotidienne !
14h30 :
Apéro : citron pressé, ou vin /bière quand c’est fête, accompagné de salés ou saucisson rapporté de France.
15h00 :
Déjeuner constituant le repas principal de la journée.
16h00 :
Lecture, rédaction du blog, mise à jour des inventaires, plutôt bouines «intellectuelles» !
Parfois Syl va faire une petite sieste s’il n’a pas réussi à dormir le matin.

6 douche
C’est l’heure de la douche……

16h30 :
C’est l’heure de la toilette !
Douche : bien que nous disposions, à l’avant de la coque tribord, d’une salle d’eau avec douche d’eau douce froide et chaude, nous préférons nous laver dans la jupe équipée de douchettes eau douce / eau de mer. Lavage à l’eau de mer et rinçage à l’eau
douce.
Quand le soleil n’est pas au RdV et qu’il y a du vent, c’est plutôt tonique !! Le produit douche est classique, ça mousse pas des masse à l’eau de mer mais ça lave nickel ! Nous faisons bien sûr attention à la consommation d’eau douce qui se limite à 440l.
Ensuite je gère l’eau minérale. Comme nous ne trouvons plus désormais de bouteilles d’eau de 1,5l mais des 1l, pas optimum pour la gestion dans le frigo, nous avitaillons des bonbonnes de 6l que je transvase dans des bouteilles de 1,5l, +/- 2 par jour.
On a ainsi en permanence 4 bouteilles d’eau minérale au frais.
Pour préparer l’encas des quarts de nuit, je coupe un ananas et il reste bien souvent du gâteau…
17h30 :
Ultimes manœuvres de voiles selon prévisions météo pour la nuit : on change de voile d’avant, on arise la grand-voile etc suivant les circonstances.

7 cabine
Notre belle cabine avec 4 hublots

18h00 :
C’est mon heure de récupération, je me couche et lis toujours durant +/- 1h, confortablement installée au chaud dans notre petit nid douillet qu’est la couchette, c’est le panard !!
Et je dors jusque minuit.
00h00 :
Je prends la relève et Syl va dormir jusque 6h du matin.
Durant les quarts de nuit, lecture, et on grignote les reste du déjeuner, du cake, de l’ananas, une pomme, une soupe minute mais surtout on surveille les alentours si un bateau survenait (on n’est pas bousculé de ce côté-là sur cette navigation).
Il faut manœuvrer les voiles si les conditions l’exigent (modif du vent en force ou en gisement, grain, gestion des dérives…).
Règle du bord de nuit ou lorsque seul en veille en journée, interdiction de sortir du cockpit. C’est trop risqué car si on tombe à l’eau….c’est foutu.
A noter qu’Oxygen est équipé d’un bipper d’alerte en cas de chute à l’eau mais le temps que l’autre se réveille…Et ce boitier a déjà bippé par erreur mais on ne s’est pas réveillé !
Donc si besoin de faire des manœuvres plus poussées, on réveille l’autre. Mais c’est très rare, on fait en sorte de respecter son sommeil.
Par exemple si la mer est agitée, je dispose des torchons sur les verres pour étouffer le bruit dans l’équipet !
De même on cale les dérives afin qu’elles ne fassent pas de bruit en tapant dans leur puits.
La retenue de bôme, quant à elle, évite les grincements et couinements des bosses de ris et du vit de mulet.
A deux on ne peut pas se permettre de ne pas être reposé et frais lorsque c’est le tour de veille.
Eviter de se fatiguer inutilement, il faut toujours garder des forces en cas de nécessité absolue comme cela a été le cas lors de notre première nuit, où nous avons bataillé tous 2 durant toute la nuit pour contourner ces foutus innombrables filets dérivants des pêcheurs équatoriens…
Les plus belles nuits sont bien sûr avec Mme la Lune (et sans nuage).
Cependant, sans lune, il est plus aisé de repérer les étoiles.
Désormais dans l’hémisphère sud, on remarque toutes sortes de nouvelles étoiles et leur constellation. Croix du Sud, Canopus du Navire Argo ou Alpha & Beta du Centaure…. Sans oublier de faire un vœu aux passages des étoiles filantes !

8 SdB
La salle de bain avec une vraie douche/lavabo avec eau douce froide & chaude, WC électrique

Coté lecture c’est possible aussi en quart de nuit, dans ce cas c’est à la frontale avec le vent qui chamaille les pages du livre ou bien avec les liseuses : confort absolu grâce au rétro éclairage. Mais faut bien dire qu’on a encore un peu de mal (surtout moi !) à passer au numérique…
En ce qui concerne le choix des lectures à bord, c’est la corne d’abondance (merci les copains bateau qui partagent leur bibliothèque numérique et aussi aux bourses d’échange dans les marinas). Cela va de la biographie de Napoléon (Castelot ou
Bordonove, passionnantes), les révoltés du Bounty (d’actualité puisque nous envisageons de nous arrêter à Pitcairn), Balzac, des polars et romans historiques, récit d’évasions de l’île de Pâques (entre 1944 et 1958, édifiant), Romain Gary (merci Isabelle M.) Georges Blond, des récits de navigateurs, Dostoïevski, Dumas père & fils, Amélie Nothomb, Kafka…..plus de 1000 titres…..
Parfois l’envie de dormir survient, dans ce cas un seul remède : marcher de long en large dans le cockpit ou se trouver une occupation très très motivante !!
Il faut bien reconnaître que d’avoir à tenir le livre de bord à jour chaque heure est souvent salvateur car on a un bip de rappel…
Concernant la garde-robe durant les quarts, nous rivalisons d’élégance : Syl porte une salopette bleue claire (surnommée Popette) et un pull vert clair, le tout en polaire de chez Aigle, je précise qu’il les traine depuis 30ans…. Quant à moi je mets sous pull + polaire légère + salopette Musto et bonnet. Et bien entendu, nos magnifiques charentaises de chez Rondinaud, « accessoire confort et moelleux à souhait sans lequel naviguer aurait un autre sens », dixit Syl.
On a beau être sous les tropiques, en plein vent à 3h du mat il ne fait pas super chaud !!
Pour résumer les nuits, tandis que Syl profite du coucher du Soleil, je m’extasie à son lever (celui du soleil, pas celui de Syl…).
C’est à ce moment que j’éteins les feux de navigation, je mets les frontales Petzl à recharger, je commence à préparer le p’ti  déj….
06h00 :
Ensuite Syl prend son quart dès 6h. Il concentre tous les contrôles au petit jour : niveau de charge batteries de service, requêtes météo, plan de voilure de la journée. Point sur les msg, emails et SMS reçus…
Voilà vous connaissez à peu près tout de notre vie en navigation au long cours !
Et nous vous rassurons : nous ne connaissons pas l’ennui !!!
C’était Mouss’Isa en direct d’Oxygen…!


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Sylvain en popette au p’ti matin, il a encore le bippeur au cou !

Reprenons le fil de la navigation…..
Mardi 29 janvier, Day 6
La nuit s’est passée sans fait majeur si ce n’est un grain très noir nous contraignant à rouler le code 0 pour établir le solent.
Ce midi, nous apercevons à peu de distance du bateau, une barque de pêche, nous sommes à plus de 300 miles des côtes (540km !)… Deux pêcheurs en cirés jaunes nous saluent et vlan, nous agrippons leur câblot de filet sous le bateau, coincé devant la dérive tribord basse… Oxygen est brusquement freiné et nous traînons la barque et ses 2 pêcheurs, nous libérons ce filin en remontant la dérive… chance encore que leur cordage ne se prenne ni dans l’hélice, le safran ou mêmes les lignes de traîne… mais jusqu’où vont ces pêcheurs ? Mystère et veille attentive de rigueur !
A propos de ligne de traîne, nous avons remonté une petite bonite ce matin, il y en a tout juste assez pour deux, trop minces filets…
Du coup on a fêté cela au ti punch, normal non, le premier poisson !
Le vent fraîchit dans l’après-midi et nous prenons un premier ris puis un second en soirée.
Le bateau marche enfin à belle allure : 7.5nds avec 16 nds de vent apparent, en revanche, nous sommes au près…
La nuit est agitée avec 20 nds établis.
La mer se forme progressivement jusqu’à former des creux négociables de 2/3m. Nous sommes chahutés et ce n’est pas plaisant.
J’ai commis l’erreur de laisser le code 0 à poste roulé. Cela ajoute du poids dans les hauts et génère un fardage inutile. Nous l’amènerons demain dès que possible. A ne pas reproduire…

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Quelques dauphins jouent avec les étraves d’Oxygen

Article : L’eau douce à bord ?
Eh oui, comment fait-on sans dessalinisateur pour distiller l’eau de mer ? C’est une bonne question !!!
En préambule, notons que, comme précisé plus loin dans l’article « Energie à bord », nous avons choisi de faire l’impasse sur un tel système pour gagner en poids mais aussi nous éviter une gestion quasi quotidienne fastidieuse et impliquant des besoins d’ampères importants.
Du coup, la réponse est simple : nous utilisons l’eau douce avec parcimonie.
Notre réserve (2 vaches à eau) est de 440l que nous veillons à compléter chaque fois que nous le pouvons (marina, bidonnage…). Cette eau ne nous sert que pour la cuisine et la toilette. Nous disposons d’un ballon d’eau chaude relié au moteur tribord. Donc nous avons l’eau chaude lorsque nous avons récemment fait tourner le moteur tribord. Mais le besoin d’eau chaude n’est pas impérieux sous les tropiques.
La Cuisine : thé, café et cuissons diverses mais jamais pour la vaisselle qui est réalisée et rincée à l’eau de mer.
La Toilette : bref rinçage après douche copieuse à l’eau de mer.
Ainsi, on ne consomme très peu, nous pouvons tenir (à 2) plus de 2 mois avec 440l.
Prévoyants, nous avons fait confectionner, sur mesure, un bimini rigide, soit un toit de cockpit, avec des rigoles pour récupérer l’eau de pluie. Lorsqu’il pleut abondamment, souvent le cas sous les tropiques, nous parvenons à récupérer 100l / h. Ce qui est
considérable et cette eau est acceptable pour l’usage décrit plus haut. Seul souci… il ne pleut pas.
Pour exemple, depuis notre arrivée en Equateur voici 15 jours et après 12 jours de traversée, nous avons eu 10’ de pluie uniquement. D’un côté c’est sympa de pas se faire rincer sans arrêt, de l’autre les inconvénients sont que notre récupérateur d’eau est inutile et que l’absence de pluie prive le bateau d’être dessalé !
Bref, que de soucis…

11 bimini
Le fameux bimini récupérateur d’eau de pluie, équipé de 2 panneaux solaires. Et l’éolienne sur son mât.

Enfin me direz-vous : vous ne buvez pas que du rhum ? 

En effet, nous consommons chacun environ 1.5l d’eau minérale par 24h que nous prenons soin d’avitailler selon nos périples (ça évite aussi le scorbut !)…
Donc voilà pour le bilan eau douce.
Certains diront que provisionner un lourd volume d’eau minérale ajoute un poids conséquent et qu’avec un dessalinisateur, on peut se permettre d’éviter ce surpoids, je l’admets.
Toujours est-il qu’au gré de mes échanges avec des inconditionnels du dessal, je découvre avec malice que ces derniers emportent aussi des réserves d’eau minérale conséquentes pour le cas où le dessal tomberait en panne… donc double peine (…) !
Pour conclure, deux méthodes coexistent :
Soit on estime qu’on doit avoir un confort identique à celui que nous avons à terre (vaisselles, lessives, douches, lave pont…) auquel cas un dessal est indispensable.
Soit on considère que naviguer est un mode de vie distinct de notre vie de terriens et on compose.
Bémol : Il va sans dire que je comprends aisément qu’un voyage en famille avec 2 ou 3 enfants implique un dessal. Ce n’est pas notre cas.

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Oxygen sous  GV et code 0

Mercredi 30 janvier, Day 7
Le jour se lève à 6h45, à force de filer vers l’ouest, les longitudes s’égrènent et nous devrons bientôt ajuster les horloges d’une heure. Cela sera fait dès demain.
Les grib météo remontent le moral avec une bonne nouvelle : les vents vont mollir un peu et le secteur sud, précédemment prévu, s’oriente plus SSE, avec pour effet un moins mauvais cap sur 24h.


Article pour les voileux : Cartographie – Météo : du nouveau à bord !
Les récentes évolutions en matière de communication satellite permettent, avec l’aide d’un routeur Iridium Go, de télécharger les fichiers météo qui viennent s’interposer sur nos cartographies numériques.
En clair, on lit sur nos ordis ou ipad la direction et force du vent calquées sur la carte marine. Cela a révolutionné les habitudes puisqu’on dispose de données à jour en permanence.
Utilisateur fan du logiciel Maxsea depuis 20 ans, je me suis laissé progressivement gagner, sur les conseils du gourou en la matière, Françis Fustier, par l’usage de l’ipad notamment à travers de l’application Weather 4D.
Or, si W4D était à la base une appli performante pour télécharger la météo via le routeur Iridium Go, cette application est devenue bien plus complète et agréable, à travers une interface ergonomique.
W4D a réalisé un excellent job et upgrade en transformant cette appli météo en une appli carto-météo, je félicite les équipes d’Olivier Bouysou pour les nouvelles fonctionnalités complètes, puissantes et ergonomiques faisant de ce logiciel un outil
presque ludique !
Ainsi, sous réserve de s’abonner au pack météo modique de W4D, et de disposer de la cartographie des zones visitées, W4D propose un tout en un, non seulement très performant, mais simple d’utilisation. Je ne suis pas particulièrement doué en informatique et j’ai pu, en parcourant le très complet manuel utilisateur, mettre à profit les nombreuses combinaisons offertes.
Pour exemple, il est aisé de configurer sur l’ipad deux fenêtres juxtaposées afin de comparer, sur une même route, deux sources différentes de météo…

13 W4D
Bien entendu, je conserve en parallèle MaxSea sur mon ordi, ce qui procure l’avantage d’avoir une solution de secours en cas de défaillance de l’ipad.


 

Jeudi 31 janvier , Day 8
Le premier tiers du chemin nous séparant de Rapa Nui est bouclé.
Au point de midi, nous avons parcouru 137nm sur les dernières 24h.
Hier Cap’tain s’est tordu le petit orteil (encore) et donc aujourd’hui Mouss’Isa est très sollicitée pour les manœuvres et tout le reste…
Nuit sous la voute étoilée sans nuages, le Pacifique est une belle invention !!!
Vendredi 1er février, Day 9
Whaoo la météo !!!
Serait-il possible que nous abandonnions le près-bon plein pour passer au travers ?
Les gribs sont formels, les vents adonnent et s’orientent SE sur les prochains jours.
De fait, les voiles sont choquées et nous croisons les doigts pour que la mer du vent se calme afin de glisser mieux sur la vague par le travers.
Les conditions à 10j sont rassurantes, pas de gros temps annoncé avant l’arrivée. Tvb.
Au crépuscule, nous amenons le fameux code 0 et le rentrons dans sa soute à voile tribord. La drisse toronnée est récalcitrante et nous prenons soin de faire des tours morts afin de lui redonner son élasticité normale.
1h de moteur pour aligner les safrans et conforter le niveau des batteries déjà chargées par les panneaux solaires et l’éolienne.
L’océan est majestueux avec une longue houle SE d’environ 2m.
Ce matin, nous avons récupéré 4 poissons volants sur le pont qui ont participé gustativement à notre déjeuner. C’est un peu comme la sardine…
Les oiseaux sont peu nombreux mais réguliers. Frégates, fous de bassan, pailles en queue, pétrels et quelques petits oiseaux tempête noirs très vifs, nommés hirondelles des mers.
Nous sommes maintenant à 800 mn de la côte la plus proche (Pérou) mais, en mer, il y a toujours une activité foisonnante partout…
La pêche, pour le moment, a été délaissée d’une part car Cap’tain a un pied malade mais d’autre part car il est beaucoup moins agréable de pêcher lorsque l’allure du bateau est le près ou bon plein. Nous allons nous y mettre sérieusement dans les prochains jours.
Samedi 2 février, Day 10
Quoi de neuf ce samedi ?
Des vents mollissants, irréguliers.
En milieu de journée, nous envoyons le geneker lourd afin de pouvoir amener la GV qui ballotte au gré de la houle car nous avons du petit temps.
Succès puisque nous tenons cette voile pendant plusieurs heures soutenue par un vent portant. Pour la nuit, GV avec 2 ris car du vent est annoncé, nous commençons avec du travers et terminerons au bon plein mais avec assez de vent pour faire route sous voile. Tvb.

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Oxygen depuis l’étrave bâbord

Article pour les voileux : Energie à bord !
Oxygen est mon 4ème voilier et, pour ce probable ultime beau jouet, j’ai délibérément opté pour une installation simple et fonctionnelle.
L’expérience acquise avec mes précédents bateaux trop équipés a pesé sur de nombreux choix techniques pour Oxygen.
Tout d’abord, rappelons que ce catamaran Outremer 45 « vintage », de 2001, 9ème de la série, est un excellent marin, bas sur l’eau, léger, performant, à condition toutefois qu’on respecte un prérequis : ne pas le charger exagérément.
Il semble judicieux de souligner cela dans une période ou la mode des cata a multiplié les unités lourdes, massives, hautes et peu performantes voire dangereuses pour des navigations hauturières. En fait, de mon point de vue, les chantiers sont partagés entre deux types de clients. D’une part les sociétés de charter qui souhaitent ce que leur propres clients attendent soit des cabines spacieuses avec sdb privée et des roofs très larges tout comme les cockpits, voire même désignés sur l’avant du roof parfois (?!)… D’autre part, les chantiers doivent répondre à une demande croissante de cata pour les particuliers. Ces derniers, pour la plupart, laisseront le bateau au ponton 11 mois par an. Peu d’entre eux partiront au long cours même si l’idée est de pouvoir se le permettre un jour (et c’est tout le mal que je leur souhaite!).
Or, cela m’amène à aborder le sujet des options à bord : dans les deux cas, ces catamarans se doivent d’être suréquipés, spacieux et, ce qui est paradoxal, doivent proposer des équipements comparables à ce que nous avons à terre dans nos maisons ou appartements…
A quoi bon partir donc me direz-vous ?
Bref, toujours est-il que presque aucun cata de plus de 40 pieds ne sort du chantier sans groupe électrogène, dessalinisateur, lave-linge, cafetière Nespresso…
Il est aisé de comprendre que la multiplication des options / accessoires rend le design ainsi que la distribution énergétiques beaucoup plus complexes.
Que nenni à bord d’Oxygen. Ce voilier est conçu pour nous permettre de réaliser un tour du monde sans passer son temps à gérer les pannes et l’énergie du bord.
Ainsi, afin de respecter les conseils de feu l’excellentissime architecte Gérard Danson, fondateur du chantier « Atelier Outremer », nous avons décidé que le voyage se ferait sans dessal, sans lave-linge, donc sans groupe électrogène. Déjà 150 kg de gagné sans parler du gasoil…
Parmi les équipements du bord gourmands en énergie, notons un frigo avec freezer ainsi qu’un conservateur à légumes, le pilote Raymarine, le radar et l’ordinateur du bord progressivement délaissé pour l’ipad bien moins consommateur.
Du fait d’une ingénieuse installation des groupes froids, par Fred Tilikum au Marin, Martinique, composée d’un refroidissement à l’aide d’une pompe 24v (le bateau est en 12v), les gros postes froids consomment à eux deux seulement 100amps / 24h.
Le pilote bien réglé consomme en moyenne 2 amps / h soit 50amps / 24h.
Restent de nombreux « divers » : les pompes d’eau douce et eau de mer, les WC électriques (un must), le radar en cas de besoin… A noter que les anciens « petits » gros consommateurs sont aujourd’hui bien plus sages qu’hier : merci les led pour les feux et éclairages, merci la carto météo W4D sur ipad… etc. J’estime tout de même 50amps / 24h pour tous ces divers incontournables.
Au total, Oxygen consomme en navigation environ 200amps en 24h.
Je sais que cela laisse perplexe ou rêveurs les heureux propriétaires de bateaux très équipés… c’est un choix.
Afin de produire de l’énergie, Oxygen dispose de 2 alternateurs attelé sur les moteurs, 6 panneaux solaires et une éolienne Silentwind.
Les alternateurs chargent chacun 30amps / h mais ne fonctionnent qu’au moteur, donc uniquement aux départs/arrivées (donc compensent le guindeau), ou lorsqu’il y a pétole (pas de vent), donc on ne peut compter dessus en navigation hauturière, d’autant que nous sommes limités en réserve de gasoil… et que ça pue et fait du bruit (dixit Mouss’Isa)…
Les 6 panneaux solaires de 100w délivrent en tout +/- 25 A / h avec soleil au zénith. Généralement, nous finissons la nuit avec un solde négatif de -60amps qui sont compensés vers midi. Cela vaut s’il y a du soleil.
L’éolienne a été ajoutée récemment pour compenser le masquage des panneaux solaires par les voiles dans l’hémisphère sud.
En effet, le soleil, dès qu’il ne brille plus au zénith, fait feu de ses rayons de biais mais lorsqu’on est bâbord amure, dans l’après-midi, les précieux rayons sont entravés par les voiles et donc la charge est inexistante.
Bien entendu, cela vaut pour la nuit pendant laquelle l’éolienne, peu bruyante, va charger entre 2 et 8A selon le vent du moment.
Ainsi, Oxygen est totalement autonome du point de vue énergie que ce soit en navigation ou, bien entendu, au mouillage ou le pilote ne consomme rien. Et le recours aux moteurs est fort rare pour l’énergie du bord !
Le pari est gagné et quel confort !


15 matin rose
Matin rose sur mer d’huile

Dimanche 3 février , Day 11
Timide lever de soleil.
Nous croisons un cargo de 200m de long.
Ciel nuageux ce matin et vent SE. Marchons bon plein 7nds.
La pêche qui ne donne rien me désespère. J’ai sorti l’attirail des grands jours avec un leurre Rapala tout neuf et plongeant, rien n’y fait, je le remonte sans une égratignure. Et pourtant, nous voyons çà et là sautiller les poissons volants et des petites bonites qui sont bien chassées par quelques prédateurs ? Patience…
Nous avons dépassé la moitié de notre route ce matin, il reste 1150nm à courir pour atteindre l’île de Pâques ou nous n’avons ni l’assurance de pouvoir trouver un mouillage satisfaisant pour jeter l’ancre, ni la certitude de débarquer. Neptune dira…
Les instruments pronostiquent une arrivée vers le 12 février…
Le dimanche n’est pas une journée classique à bord. Les rituels sont tenaces depuis quelques décennies maintenant : on attaque en musique avec les Escrocs et le fameux tube « c’est dimanche » afin d’être dans le bain, puis œufs au bacon pour le pdj qui sort de l’ordinaire, rasage à l’eau douce pour le Cap’tain et enfin grand ménage avec changement des torchons et serviettes. La fête quoi !!!
Du coup, ce dimanche précis, Mouss’Isa décide unilatéralement et sans consultation préalable du reste de l’équipage, de faire des crêpes. Nous saurons, plus tard en soirée, en recevant un SMS de la belle Carole, que c’est jour de chandeleur, et que les crêpes crépitent dans bien des foyers !!!
Lundi 4 février, Day 12
La nuit a été très clémente avec le code 0 seul au travers qui tire le bateau à 6nds sans secousse ni effort vers le 230°.
Nuit étoilée mais toujours pas repérée la célèbre Croix du Sud…
Beau soleil ce matin et brise SE 13nds.
1000nm nous séparent désormais de Rapa Nui.
Contrairement à l’océan Atlantique maintenant envahi par les algues de type sargasses qui se sont développées pour des raisons non clairement élucidées à ce jour, le Pacifique Sud est, pour ce que nous en voyons, propre et exempt d’algues ou détritus. C’est plus agréable pour la pêche à la traine devenue pénible côté Atlantique, encore faut-il que ça morde et là, c’est pas gagné !
Le vent SE reste stable et nous permet de naviguer confortablement sous voile d’avant seule, par le travers / petit largue, toute la journée, avec une moyenne satisfaisante de 6nds.
Par mesure de précaution et pour anticiper une météo un peu plus musclée dans les jours qui viennent, nous prenons un troisième ris et ainsi nous tenons prêts à mettre en route sous GV/Solent au bon plein / travers avec 20nds de vent, ce qui nous fera avancer bien assez vite, sans trop solliciter le gréement.
Mardi 5 février, Day 13
Les prévisions se sont vérifiées et nous avons passé la nuit sous GV/Solent au bon plein.
Ce matin, le vent adonne et nous renvoyons le Code 0.
Au point de midi, on a progressé de 138nm depuis 24h, peut mieux faire…
Tarte aux oignons et gâteau aux amandes en préparation…..
On a choppé un pétrel (oiseau marin) qui heureusement s’est décroché sur les lignes de pêche, mais toujours pas une touche, grrrr !
Ce soir, vent constant Est. Nous conservons nos 2 ris pour la nuit, roulons le code 0 en le laissant à poste, envoyons le solent.
Nous marchons a 7nds ce qui est amplement suffisant pour la nuit.
En équipage réduit, j’entends par là à 2, il est primordial de veiller au sommeil de chacun. Ainsi, nous naviguons fréquemment sous toilés la nuit. Bien entendu, on avance moins vite. Mais le confort de chacun est préservé et on est à l’abri d’avoir à réveiller l’autre pour réduire la toile. Rien de plus désagréable que de se voir tirer d’un sommeil profond pour aller sur le pont, dans le froid et le vent, par nuit noire, prendre un ris ou rentrer une voile d’avant…
Par ailleurs, vous l’aurez compris, lorsque l’un dort, l’autre est sur le pont et vice versa. La couchette est donc bien plus spacieuse qu’au mouillage…

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La table à cartes  du bord….

Article : Communication à bord ?
Qui ne rêve pas de passer sa vie à voyager et de larguer les amarres, faire le tour du monde ou un long périple ?
J’ai conscience de la chance qui nous est donnée de réaliser cela avec mon épouse Isabelle, alias Mouss’Isa, quasi autant mordue que moi.
Je n’ai cessé, au cours de ma carrière professionnelle, et de même au plan personnel, d’orienter mes choix afin que cette opportunité puisse être saisie un jour.
Tout est une question de volonté et d’organisation de mon point de vue, la part de chance est la botte secrète…
Or, lorsque l’on part, loin, longtemps, on se coupe de ses proches. ..
…Et si les relations d’une vie constituaient notre patrimoine et ce que nous avons de plus cher après la santé ? C’est mon point de vue.
Aussi, de manière à préserver toutes nos chères relations, famille ou amis, afin de disposer des moyens de communication en cas d’accident ou de soucis médicaux à bord, nous avons équipé Oxygen d’outils de communication modernes et performants.
Ces outils nous permettent d’échanger des SMS comme si nous étions à terre avec les copains ou d’autres bateaux mais aussi d’appeler la famille, d’avoir l’assurance de pouvoir communiquer avec un médecin ou un technicien le cas échéant. En
revanche, si l’accès au web pour surfer est possible, le coût est prohibitif.
Deux systèmes de communication à bord :
⇒  Routeur Iridium Go couplé aux Iphone Ipad
      • Voix de qualité moyenne & datas très faibles en bande passante
      • Utilisation quotidienne pour :
           – SMS
           – Mail texte uniquement
           – Fichier Grib météo
           – Appels vocaux famille/amis
      • Coût encore élevé mais forfait pratique : +/- 156€/ mois comprenant 2h de voix et le            reste illimité
⇒  Inmarsat Fleet One
      • Voix parfaite & Data bonne qualité
      • Coût abonnement sans forfait 74€/ mois + exorbitant à l’utilisation (ex : 7€/1 photo               envoyée par mail…)
      • Réservé à urgence médicale ou défaillance Iridium
Vous l’avez compris, les dispositifs de communication à bord constituent un sérieux budget de +/- 230€ / mois.
C’est le prix à payer pour garder le contact, avoir météo illimitée et augmenter la sécurité… soyons fous !


17 lever soleil
Lever de soleil sur Oxygen

Mercredi 6 février, Day 14
A mon éveil à 6h, Isa m’informe que la nuit a été sage et paisible et qu’elle a mis son temps de veille à profit pour étudier la voie céleste…Ont été découvertes les constellations et étoiles suivantes : Croix du Sud, Aldébaran, Castor et Pollux, Orion et enfin la Fausse Croix du Navire Argo !
Tandis qu’elle prend son repos bien mérité, le vent me joue des tours et je dois rouler le code 0, renvoyer le solent au bon plein, essuyer un grain peu virulent, mettre au moteur car plus de vent… Bref des manœuvres qui occupent !
Par la suite, inventaire est fait du stock de drisses, écoutes, aussières et divers bouts à bord. Nous lovons et marquons, répertorions chaque cordage en précisant son diamètre et sa longueur, ainsi que l’usage qui lui est destiné. Quasi toutes les manœuvres du bord ont leur spare…
Il est temps enfin, dans ce troisième tiers de traversée, de recaler nos horloges à l’heure de l’île de Pâques et nous ajoutons une heure. Nous avons maintenant 8h de décalage avec Paris.
Le bulletin météo de ce matin annonce un fraichissement du vent à compter de demain et pour 24/36h. Rafales prévues à 25/30 nds. Nous nous y préparons.
Jeudi 7 février, Day 15
La nuit a été mouvementée avec des grains peu humides mais quelques rafales à 25nds.
Ce matin vents inconstants liés aux grains et hautes pressions. Nous avançons au petit largue, la mer est formée et désordonnée.
A 6h nous croisons un tanker par l’arrière, premier bateau depuis 5 jours.
Aujourd’hui nous fêtons l’anniversaire de Mouss’Isa et c’est la fête. Nous appelons la famille et les copains pour que ce jour particulier soit célébré comme il se doit.
A midi, le vent semble s’établir à 18 nds apparents par notre travers. La mer commence à se former. Ça bouge.
Alignement des safrans.
Vendredi 8 février, Day 16
Ce vendredi marque la fin de l’épisode vent musclé et nous retrouvons sans tristesse une mer moins hachée, sans moutons blancs en crête.
Nous larguons un ris et progressons sous solent et GV.
Matinée « inox tribord » Mouss’Isa prend son torchon et le produit antirouille…
En soirée, les vents mollissants doublés d’une houle persistante chahutent la GV qui, bien que maintenue par sa retenue de bôme, dévente et secoue le gréement.
Il est décidé de tout affaler et envoyer le code 0 pour la douce nuit qui s’annonce.
Nous sommes à 400 miles de Rapa Nui.
Samedi 9 février, Day 17
Belle Journée ensoleillée avec un vent SE modéré.
Nous progressons vers Rapa Nui, notre destination… Nous sommes si bien en mer loin de tout que la perspective de devoir suspendre ce rythme agréable nous dérange…
Le vent mollit en soirée et nous passons sous GV arisée et code 0. Pas un chat à l’horizon et superbe coucher de soleil suivi d’un petit croissant de lune…

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Grand calme……

Article : Sécurité & Risques à bord.
Dénombrer tous les risques inhérents à une navigation hauturière serait interminable. Je donnerai ici quelques indications sur les principaux risques avérés auxquels tout marin se doit d’être en permanence attentif.
Le feu :
Probablement le risque majeur puisque si le bateau prend feu, il coule et nous avec. Oxygen dispose de 4 détecteurs de fumée.
Trois extincteurs à bord + une torche extincteur près de la cuisine. Rappelons que nous avons le gaz à bord pour la cuisine, première source d’incendie…
L’homme à la mer :
Tabarly disait je crois : « un marin qui tombe à l’eau n’est pas un bon marin »…
Tomber à l’eau peut arriver. En manœuvre, en urinant par-dessus les filières, en empannant, en se lavant dans les jupes, en remontant un poisson… il faut être prêt à cette éventualité malheureuse et parfois dramatique.
Considérons comme acquis que les procédures à suivre en cas de MOB (man over board) sont connues de tout équipage qui sort de la baie de St Tropez… un briefing est systématique pour tout nouvel équipier à bord d’Oxygen.
En effet, le préventif revêt sur ce sujet une composante majeure, notamment avec un équipage inexpérimenté qui ne saura pas forcément comment faire la manœuvre le cas échéant, même si tout a été appris par cœur…
Dans notre cas, à savoir en navigation hauturière en couple, soit l’équivalent d’une navigation solitaire quand l’autre est au chaud dans sa couchette, il est indispensable de songer que si l’un tombe à l’eau et que l’autre dort….
Pour pallier cela, non seulement nous respectons des consignes comprenant un périmètre de sécurité (cockpit), mais encore portons nous autour du cou un bippeur qui donne l’alerte si la distance de la centrale est > 20m. Je dois avouer que nous avons
constaté en mode « test » que l’alarme n’est pas suffisamment puissante pour nous réveiller (to do list en cours sur le sujet).
Par gros temps ou en manœuvre, nous portons un gilet gonflable avec une balise AIS et des feux de signalement. Oxygen est équipé d’une perche IOR avec feu. Tout l’arsenal est disponible à bord, encore faut-il porter le gilet quand on tombe à l’eau et que quelqu’un s’en aperçoive…
Bref, en bateau, on ne tombe pas à l’eau, c’est le plus simple.
Maladie / Accident :
Point sensible.
Loin d’un secours CHU, il faut pouvoir se débrouiller à bord. Oxygen dispose d’une imposante pharmacie et nous avons sérieusement étudié le sujet dont Mouss’Isa est le référent.
Si quelques ouvrages spécifiques à bord nous confèrent capacité à traiter les maux courants, il est déjà arrivé que nous ayons besoin d’échanger avec un médecin en France. Ce dernier réalise un diagnostic à distance par téléphone et prescrit des
médicaments selon la pharmacie du bord. Cela a bien fonctionné pour une méchante infection rénale sur Mouss’Isa.
Restent les accidents plus graves ou les appendicites péritonites etc.
Dans la vie, faut savoir jouer un peu…
Tempête / Gros temps :
Les moyens satellites permettent aujourd’hui de disposer d’une météo fiable sur une semaine. Lorsque la fenêtre n’est pas propice, il convient d’avoir la sagesse de passer son tour.
Lorsque l’on traverse un océan, on s’éloigne d’un abri pour 15 jours voire 1 mois.
Les conditions météo sont alors découvertes en route et il faut composer avec.
Certains font appel à un routeur à terre qui préconise telle ou telle option de son fauteuil chez lui… je ne dis pas que je ne le ferai pas un jour. Tous les moyens pour éviter une tempête sont les bienvenus.
Sur 6 traversées de l’Atlantique dont trois sur Oxygen, il nous est arrivé 1 fois de rencontrer des conditions très sévères nous contraignant à subir des vents très violents et contraires pendant 36h d’affilée. Il y eut plusieurs voiliers perdus sur zone,  de nombreux hélitreuillages et au moins un mort. De notre côté, Le bateau a tenu bon et nous étions épuisés, éreintés mais tout s’est bien passé au final et cela nous fait des souvenirs à raconter…
Mon message est que si l’on prend soin d’analyser la météo, subir du gros temps n’est pas fréquent.
Rien ne dit que nous ne rencontrerons pas des très mauvaises conditions dans les prochains mois.
Nous y sommes préparés psychologiquement et le bateau est très équipé.
Tout marin redoute d’avoir à affronter les éléments déchaînés, et je suis de ceux-là.
Aussi, afin de mettre un maximum de chances de mon côté, je prépare soigneusement mes navigations par avance en optant pour des routes sûres et en choisissant la meilleure période.
Mais nul n’est à l’abri des caprices de Neptune…

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Le carré du bord

Abordage / Collision :
Volet sensible.
L’océan couvre 4/5 de la planète mais on arrive encore à se percuter en pleine mer !
Heureusement depuis quelques années, l’AIS (Automatic Identification System) s’est répandu et quasiment tous les navires marchands et les grosses unités de pêche en disposent.
Ce système permet, via un écran, de visualiser la trajectoire d’une cible dans un rayon de 48 miles autour de votre position.
C’est fiable et très pratique.
Rassurant…. peut-être trop !
En effet, il reste nombre de navires non équipés ou qui éteignent volontairement ce dispositif : barques de pêcheurs aux cirés jaunes, grosses unités de pêche préservant le secret de leur coin de pêche favori, voiliers, passeurs et plaisantins des mers.
Sans compter que plus on s’éloigne de la « civilisation », moins les règlements sont appliqués, je me demande ce qu’il en est en Indonésie ou dans l’océan indien…
En conclusion, rien ne vaut une veille attentive et il faut surtout avoir l’œil sur les petites unités de pêche pour qui nous sommes de fortunés plaisanciers alors que ces derniers travaillent dans des conditions indescriptibles de rudesse.
A noter que Oxygen est équipé d’un radar pour déceler un navire ou une lumière suspecte mal identifiée mais une fois de plus, les très petites embarcations de pêche en bois ne sont pas toujours repérables au radar.
Echouement :
Si l’échouage est volontaire et consiste à mettre son bateau en carène sur une plage, l’échouement est involontaire mais prévisible.
Je m’explique.
La cartographie marine est aujourd’hui aboutie et relativement sûre partout dans le monde, hors zones spécifiques mal hydrographiées.
Il appartient au capitaine de déterminer sa route afin de ne pas s’exposer à des hauts fonds ou des roches isolées.
Les nombreux guides nautiques et maintenant les blogs de plaisanciers permettent de s’informer préalablement à un atterrage et d’être préparé.
Il n’en reste pas moins que l’erreur est humaine et que nul n’est à l’abri d’une inattention, mauvaise interprétation de la carte ou encore d’un décalage GPS…
Par ailleurs, le risque d’échouement peut être aggravé dans des zones de marnage important.
Il m’est arrivé de m’échouer sur un banc de corail à Union dans les Grenadines du fait d’une trop grande confiance en moi, sans gravité heureusement. Ouf.
Aux Açores, j’ai vécu avec horreur l’épisode d’un rocher passant entre mes deux coques en marchant à 6 nds au moteur, ce jour-là, la chance était de mon côté.
Dans les deux cas, j’étais le seul à blâmer. J’ai tiré des enseignements de ces aventures et nous redoublons de vigilance autant que faire se peut.
Enfin, il reste le cas où le navire est mouillé sur un corps mort, ou à l’ancre.
Le vent tourne ou fraîchit, l’ancre décroche et dérape et c’est la catastrophe. C’est, là encore, de la responsabilité du Chef de bord de veiller à son mouillage dans toutes les circonstances.
Sur ce point, j’ai été subjugué de l’aide apportée par les applications « alarmes de mouillage ». En effet, une fois mouillé, il reste parfois un pressentiment que le mouillage peut déraper, que les fonds ne sont pas sains, que le vent peut tourner… Or, depuis la mise en pratique de ces alarmes de mouillage nous informant bruyamment si Oxygen sort du périmètre défini, nous dormons mieux et adieu les quarts de mouillage !
Afin d’illustrer cette thématique du risque d’échouement, j’ai un cas pratique à proposer : Nous avons la chance de naviguer prochainement dans l’archipel des Tuamotu, en Polynésie Française. Multitude d’atolls de rêve aux eaux turquoises, mirage de carte postale. Hors, n’oublions pas le nom historique de ce piège à navires : « L’archipel Dangereux ».
En effet, dans une époque pas si lointaine ou le GPS n’existait pas, il fallait naviguer au sextant ou à l’estime. Or, ces zones alors mal cartographiées et mal balisées, constituaient de réels dangers quant à leur approche et surtout à leur « passes » étroites
et aux courants violents. Si la cartographie et le GPS changent un peu la donne aujourd’hui, ces atolls présentent tout de même de sérieux risques et les courants et mascarets sont toujours là… Plus que jamais, il faut anticiper, étudier, préparer ces
navigations pour arriver au bon moment au bon endroit et je peux vous dire que parfois, c’est bien challenge !
J’ai donc de quoi m’occuper et nous reviendrons sur ces futures découvertes bien entendu !

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Ciel juste avant le lever de soleil…..

Dimanche 10 février, Day 18
Au petit matin, le vent constant, +/- 8 nds apparent, qui nous a accompagné toute la nuit, marque une pause et nous devons passer à la brise Yanmar, comprenez démarrer un moteur.
Après avoir merveilleusement bénéficié des alizés de SE, nous parvenons dans des latitudes perturbées par les nombreuses et violentes dépressions connues sous l’appellation « quarantième rugissants », situées plus sud. Ces dernières engendrent en
permanence sur Rapa Nui des vents tournants parfois violents ou des zones de calme plat. Nous y sommes.
Le pdj dominical est délicieux et il est temps de faire le point sur nos conditions d’approche de Rapa Nui.
Nous sommes à 190 miles de l’arrivée et cela donne, compte tenu d’une vitesse constante de 6nds, une arrivée demain en fin d’après-midi, ou au crépuscule.
Je n’aime pas cette idée. Il serait hautement préférable d’arriver lorsque le soleil est au zénith pour bien positionner notre ancre dans du sable et non sur des coraux. Sur Rapa Nui, tous les mouillages sont profonds +/- 20m) et une ancre engagée dans les coraux peut s’avérer délicate à remonter voire perdue si l’on y parvient pas…
Par ailleurs, repousser l’arrivée de 18h implique de faire du sur place pendant de longues heures…
Nous maintenons notre arrivée tardive, ce qui implique de conserver une vitesse de 6nds… Pas de vent = moteur.
Matinée « inox babord » Mouss’Isa prend son torchon et le produit antirouille…
Une touche ratée sur la canne à pêche…
La journée s’écoule en douceur au ronronnement alternatif d’un des deux moteurs…
La longue houle SE de 2 mètres nous accompagne sans vent pour la nuit…
Lundi 11 février, Day 19
Lever du jour avec mer d’huile et toujours la brise Yanmar qui ronronne.
L’arrivée est prévue vers 15h.
Nous préparons le bateau à un repos bien mérité et rentrons le code 0 dans sa soute.
Un vent se lève dans le nez pendant 2h.
Rapa Nui nous apparaît majestueuse et en contraste de volcans arides et de vallées verdoyantes.
A 11h30, sommes à 4h du mouillage de Hanga Roa.                                                                  Sur la cote sud nous apercevons nos premiers Moai…..

20 Arrivée
Regardez bien face à l’étrave tribord ce bout de terre qui apparaît, c’est Rapa Nui !!!!!!

Données & Performances :
Départ : Bahia de Caraquez, Equateur
Arrivée : Ile de Pâques (Rapa Nui en polynésien), Chili
Distance totale : 2408 NM soit 4400km, équivalent à une traversée de l’Atlantique !
Distance parcourue en 24h
      –  La + rapide 148 miles
      –  La + lent : 113 miles
Durée totale : 19 jours
Nb d’heures moteur : 56h
Nb d’heures à la voile : 400h
Vitesse moyenne : 5.28 nds soit 10km/h !!

21 Carte Transat
Conclusion
La chance nous a une nouvelle fois souri pour cette très longue traversée.
Conditions météo stables et sereines, aucune avarie ni souci à bord. La plénitude d’un océan majestueux et immense rien que pour nous deux…
A l’arrivée, par temps calme, 6 personnes montent à bord : immigration, agriculture, douane, santé, police, autorités portuaires, très aimables et sympathiques. Ils nous demandent nos motivations pour choisir de visiter l’île de Pâques si éloignée de tout ?
Fichtre quelle question !
Mythique île de Pâques ou Rapa Nui.
L’île la plus éloignée de tout, loin des sentiers battus.
L’île aux Moai et nombreux mystères non élucidés.
L’île et son festival TAPATI en ce moment!
L’île dénommée « nombril du monde »
L’île sans abri pour les bateaux…
L’île ou les vents tournent constamment…
L’île ou laisser le bateau seul au mouillage est interdit…
L’île qui accueille 20 voiliers par an !
Qu’allons-nous découvrir ?
Vous en saurez plus bientôt !

22 Moai
Premiers Moai aperçus depuis Oxygen. Il s’agit du site Tongariki avec 15 Moai majestueux (5.6 à 8.7 métres de haut !), tournés vers la terre. Ainsi ils nous montrent leurs fesses !!!
23 Raraku
Volcan Rano Raraku où étaient sculptés les Moai, vu depuis Oxygen…..
24 Détail Raraku
Agrandissement du flan de la carrière Rano Raraku, on y voit des Moai abandonnés…..

Soyez indulgents, ces 3 dernières photos sont prises sans soleil, au 500mm et alors qu’Oxygen avance à 7 nœuds pour arriver à Hanga Roa au plus tôt (de l’autre côté de l’île)…. !! Mais on voulait vous faire partager notre première vision des Moai….

Mais patience, nous allons vous raconter tout cela plus en détail dans quelques temps…..

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Une réflexion sur “janv/fév 2019 : Transpacifique, de l’Equateur à l’île de Pâques…

  1. Savignac 17 février 2019 / 09:12

    Mais quel bel article on y serait !! J adore vous suivre les amis !! Isa quand tu rentres fais éditer vos récits c trop bien !!
    Profitez bien et à bientôt !! Bisoussss
    Joe et guytcho

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